C'est l'histoire d'une femme qui fuit ses responsabilités, persuadée de ne pouvoir les assumer. En pleine période de doute sur elle-même et sur son couple, période déclenchée par une nouvelle donne, elle est enceinte. Cette maternité va marquer une brisure de sa ligne directrice. A ce stade du parcours, elle ne sait plus et se pose des questions, sur son passé, la réalisation de ses objectifs, son statut, son avenir. Est-elle une bonne épouse, fera t'elle une bonne mère, voulais/veux t'elle ça. Elle se lève un matin et part, laissant son mari dormir. Elle va vers nulle part, vers l'ouest, on part toujours vers l'ouest, car c'est l'idée de liberté, de conquête, d'espoir, de découverte.
Mais ce parfum de liberté recherché, cette bulle d'oxygène lui permettant de s'élever quelques instants, ne sera qu'éphémère. En fuyant ses responsabilités elle va s'en créer de nouvelles. Elle rencontre un jeune automobiliste, ancien footballeur désormais attardé suite à un choc reçu à la tête lord d'un match. Cet homme, au départ choisi comme partenaire sexuel, sera l'enfant qu'elle a peur d'avoir. Un enfant dont elle se sentira obligé de s'occuper, de prendre soin. Elle quitte une prison pour s'en construire une nouvelle. La liberté fut brève. Un arrêt dans un motel. Là quelque chose de nouveau a eu lieu. Le silence, seul avec soi-même, on s'assoit au bord du lit, on entend le bruit des voitures à l'extérieur, on se couche dans des draps qui ne nous appartiennent pas. Quelques kilomètres en voiture également. La liberté s'obtient souvent par la route, que l'on arpente seul. Un axe dirigé vers l'inconnu, des paysages changeant et nouveaux qui défilent tout autour. La liberté, cette coupure avec le quotidien, c'est aussi ce coup de téléphone, le premier. Peu après son départ elle appelle son mari pour lui parler, lui dire qu'elle part, qu'elle est enceinte, qu'elle ne sait plus. C'est la plus belle scène du film.
Car le film bascule avec l'arrivée du footballeur, il devient plus étouffant, la route disparaît. Puis arrive le policier, l'image brute du mari qui amène une autre belle scène. Dans sa caravane il l'a invité pour boire un café, pour faire l'amour. Elle ne pourra pas, persuadée qu'en lui faisant l'amour le policier ne voit à travers elle que sa femme décédée. En fait c'est une excuse. Elle ne peut pas car c'est elle qui voit son mari à travers le flic.

Les gens de la pluie est un film assez déroutant en partie à cause de ce basculement narratif. Egalement la fin, une des plus abruptes qu'il m'ait été donné de voir.
Ca m'a d'abord frustré car j'ai trouvé la première demi-heure vraiment magnifique mais je ne voulais pas que le film aille dans cette direction par la suite. On passe du contemplatif, de l'épure, du brut, on pense à Cassavetes, à Wanda dans un premier temps. A une écriture beaucoup plus forcée et symbolique dans un second temps. Mais finalement ce côté déplaisant est justifié par le propos du film, comme décrit plus haut, et apparaît en filigrane tout le changement opéré dans cet après mai 68. Le film et son traitement marque également l'éclosion du Nouvel Hollywood.
Teklow13
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le 13 juin 2012

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