Alors que ‘’The Robe’’ était encore en tournage, la Fox donna le feu vert pour mettre en chantier sa suite directe, sous la coupe de Delmer Daves, plutôt reconnu pour ses Western de qualités, ‘’Demetrius and the Gladiators’’ se focalise sur l’histoire de l’ancien esclave de Marcellus, le Chrétien Démétrius, devenu gladiateur.
Cette fois ce n’est plus Marcellus qui cherche à tout prix à retrouver la tunique du Christ, mais Caligula en personne. Persuadé de ses vertus magiques, il veut la récupérer afin de parfaire son pouvoir. D’autant plus que si elle s’avère enchantée comme il le pense, il se montrerait moins violent envers les Chrétiens, en reconnaissant leur foi envers un individu voulûmant divin.
‘’On prend les même et on recommence’’ ? Pas tout à fait. Le film n’est pas adapté d’un roman de Lloyd C. Douglas, mais est une suite ‘’original’’, bien qu’également scénarisée par Philip Dunne, avec le retour devant la caméra de Victor Mature, Jay Robinson et Michael Rennie (Pierre). pour le reste c’est une œuvre tout à fait indépendante.
Un cran au-dessus de ‘’The Robe’’, l’œuvre de Delmer Daves est axe moins son propos sur la nature religieuse. Bien que cette dernière reste une thématique centrale du récit, puisque tout se construit autour de la relique du Christ, et l’installation clandestine des Chrétiens à Rome,. Cependant, le plus marquant sont les séquences de combats dans l’arène de Caligula.
En effet, Démétrius devenu gladiateur sous la direction d’un Ernest Borgnine toujours aussi épatant, doit combattre. Cela est prétexte à des séquences de bravoures, qui malgré l’âge du film et quelques trucages grillés, restent impressionnantes. Comme lorsque l’ancien esclave doit affronter des lions, seul dans l’arène. L’un des grands moments qui fait la force de cette production.
Même la mise en scène de Delmer Daves et bien moins plan plan que celle d’Henry Koster. Bon, certes ce n’est pas un jeu des sept erreurs, mais voir ‘’Demetrius and the Gladiators’’ c’est aussi revoir dans sa tête ‘’The Robe’’ à l’ombre de ce dernier. Et l différence de niveau entre les deux films est réelle. C’est ici une preuve de plus qu’une suite, et ce n’est pas rare, peut être supérieure en plusieurs point, face à son prédécesseur.
Il en va peut-être aussi de l’interprétation de Victor Mature, particulièrement convaincu, et de fait convaincant. Il porte le film sur ses épaules (massives), idôlatré par la mise en scène d’un Delmer Daves inspiré, qui offre toute la dimension nécessaire pour rappeler que oui, c’est toujours une œuvre qui se place dans le prolongement des écrits bibliques.
Le propos du film reste sensiblement le même que pour ‘’The Robe’, à savoir la persécution des Chrétiens, et ces martyrs envoyés aux lions (pour les plus faibles), ou condamnés à se battre (pour les plus costauds). Le propos principal se concentre ainsi sur l’hégémonie romaine, dans ce qu’elle a de plus aveugle, essayant de briser les chrétiens par tous les moyens possibles. Sans raisons valables, puisque le scénario ne s’épargne pas une bonne dose de manichéisme.
C’est là aussi un peu ce qui fait le charme de cette œuvre : son premier degré imperturbable. Comme les comédien.nes sont impliqués, se donnant à fond, ça donne l’impression d’être face à un métrage aux enjeux incroyables. Alors qu’en réalité ce n’est qu’une petite série B avec des gladiateurs, dans laquelle par moment des chrétiens viennent rappeler qu’ils sont là.
Et jamais ‘’Demetrius and the Gladiators’’ ne vient se préposer pour ce qu’il n’est pas. Tout est assumé, jusqu’à sa courte durée, qui pour une production épique, avec la reconstitution grandeur nature de Rome (reprise de ‘’The Robe’’), est un peu court. Une durée déterminant sa nature bis d’exploitation, n’ayant pas grand-chose de plus à ajouter sur le sujet.
En effet, l’histoire ressort le lien amoureux, mis à mal par la répression sanglante. Le drame frappe des protagonistes qui grâce à la foi et leur confiance en Dieu, traversent toutes les épreuves. Ce qui est grosso-modo le même message présent dans ‘’Quo Vadis’’ en 1951, dans ‘’The Robe’’ en 1953 et dans ‘’Barabbas’’ en 1961. Il est même possible d’aller plus loin, en le généralisant à peu près à toutes les œuvres mettant Jésus en scène, voir la religion en général.
‘’Demetrius and the Gladiator’’ est un film d’action, et pas plus. De toute façon il n’affiche jamais la prétention d’être autre chose, comme en atteste l’application mise dans les nombreuses séquences de combats spectaculaires, et leurs durées. Trahissant là sans doute un petit peu le propos initial du scénario, en portant l’intêrèt sur d’autres enjeux.
La quête d’un Caligula plus caricatural que jamais est en soit peu intéressante, et ne mène nulle part. Ce qui vaut d’ailleurs une scène un peu lunaire, cruelle et… dispensable. Quant aux pérégrinations de Démétrius, elles servent de prétextes pour l’entrainer vers des combats, afin de capitaliser sur la musculature de Victor Mature, et sans doute justifier le salaire des chorégraphes, qui n’ont pas dû chômés durant la production.
L’œuvre de Delmer Daves s’avère un petit pêché mignon, qui loin d’être virtuose est efficace. Et l’impeccable production design héritée de ‘’The Robe’’ fait qu’on s’y croirait. Si les Romains ne parlaient pas américain, et n’agissaient pas comme tel. Film d’action sympathique, amalgame d’Épique biblique peu épique, et de Péplum, le résultat est fun malgré ses défauts, qui lui donnent finalement son petit charme désuet.
Si le film ne rencontra pas le succès commercial de ‘’The Robe’’, avec le temps il se révèle pourtant bien supérieur à ce dernier. Et peut-être aussi un peu moins hypocrite, assumant bien plus son délire ‘’film historique façon Hollywood’’,peu compatible avec ‘’authentique’’. Mais de toute façon, ça ne semble pas être le but de cette entreprise.
-Stork._