Mallrats est le second film de Smith, et celui qui concrétise l'idée d'un univers étendu qu'on appellera le "View Askewniverse". On y retrouve toujours avec autant de plaisir les personnages de Jay & Silent Bob, ainsi qu'une galerie d'acteurs que l'on reverra souvent plus tard dans des rôles différents.
Tandis que Clerks se déroulait presque exclusivement dans un magasin, Mallrats prend place dans un centre commercial. On y retrouve une succession de sketchs connectés, mais pas tous indispensables à la trame d'ensemble, et une prédilection pour des dialogues rapides et très écrits, qui perdent beaucoup en authenticité, comparé au premier film.
Le film a d'ailleurs reçu un accueil critique glacial à l'époque, et a été défavorablement comparé à Clerks, ce que je n'ai pas de mal à comprendre. Alors que Clerks mettait en scène des personnages un peu paumés, mais attachants, qui subissaient les conséquences de leurs erreurs et de leur manque de maturité, Mallrats met en scène deux parfaits connards qui traitent leur entourage avec mépris ou hostilité et en sont récompensés à la fin, n'ayant rien appris dans l'opération. TS est toujours un petit con et Brodie un clown infantile avec un sens de la répartie surnaturel.
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Chaque fois que je commençais à me sentir impliqué dans leurs tribulations, la scène suivante rappelait leur personnalité de merde, et que je ne voulais pas vraiment qu'ils réparent leurs couples respectifs. Et c'est d'autant plus dommage que le film est peuplé d'une galerie de seconds rôles drôles ou mignons, ainsi qu'un méchant de cartoon très expressif, qu'on prend un certain plaisir à voir échouer.
Chaque apparition de Jay & Silent Bob transforme le film en comédie d'action burlesque, Ben Affleck est très très méchant et passe beaucoup trop de temps à le dire, Joey Lauren Adams est adorable et dévêtue sans aucune raison, Stan Lee fait l'un de ses premiers caméo, bien avant que la pratique soit banalisée par Marvel, et Shannen Doherty ne m'emmerde pas autant que Claire Forlani, mais pas loin.
Mais c'est surtout Jason Lee qui crève l'écran. Ne vous attendez pas à une performance touchante et toute en finesse, mais dans son rôle de geek sous stéroïdes, il transpire l'assurance et mitraille ses punchlines avec un charisme indéniable.