Avec son titre que l’on croirait emprunté à Nuri, Bridge Ceylan, le nouveau film de Mohammad Rasoulof raconte la vie d’une famille iranienne, issue d’un milieu plutôt favorisé, qui s’apprête à déménager dans un appartement plus confortable, alors que le père vient d’être nommé à un poste important au tribunal de Téhéran. Mais très vite, il comprend que cette promotion le contraint à exécuter les ordres d’un système répressif dont la mission consiste à éradiquer un mouvement de protestation populaire qui prend de l’ampleur chaque jour dans les rues de la capitale.
Entrecoupé d’images filmées avec des téléphones portables, montrant la violence de la répression à Téhéran, Les Graines du figuier sauvage est un film éminemment politique, pour témoigner de ce qui se passe dans ce pays, à travers un drame familial, qui va se transformer petit à petit en thriller psychologique.
Mohammad Rasoulof évoque, par le prisme du cercle familial, la déliquescence d’un pays rongé de l’intérieur… tout comme cette famille, en apparence unie, qui va se déliter sous l’impulsion d’un père paranoïaque, qui va dévoiler une personnalité complexe après que son arme de service ait disparu. Le regard des uns et des autre va alors évoluer, avec des femmes qui vont refuser la soumission au père et au discours officiel des médias iraniens.
Dommage que dans la dernière patrie, le réalisateur fasse le choix d’une mise en scène un poil trop démonstrative, faisant de personnage du père, une représentation de l’État patriarcal pour lequel il travaille.
On préférera retenir, avant tout, la dimension politique et l’efficacité avec laquelle le réalisateur parvient à faire passer le message, à faire entendre la voix de ce peuple (hommes, et surtout femmes) opprimé, qui aspire toujours en 2024 à plus de liberté.
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