"All I can say, McKay, is you take a hell of a long time to say goodbye."
William Wyler est décidément un réalisateur fort, fort talentueux. Surtout connu pour son "Ben-Hur", le natif de Mulhouse a pourtant fait mieux que cette fresque multi-oscarisée. Auteur de plus d'une trentaine de longs métrages, Wyler n'a que très peu donné dans le western, ce qui est bien dommage, parce que c'est un genre dans lequel il excelle, au point que les deux que j'ai vus de lui figurent carrément dans mon top 10 westerns; j'ai nommé "Le cavalier du désert" et maintenant "Les grands espaces".
J'avais déjà vu "The Big country"; me restait surtout l'image d'un certain combat à mains nues, mais je ne savais plus trop si j'en avais un souvenir moyen ou pas mal. Quel enchantement que ce revisionnage; c'est formidable, en fait !
L'histoire des deux familles luttant pour un point d'eau est un motif extrêmement classique mais qui possède un fort potentiel de puissance. Et comme ici c'est abordé habilement, servant à dépeindre des traits de natures humaines, tournant assez exclusivement autour du courage et de la vanité, de façon très réussie, eh bien ça fait mouche, la puissance se dégage.
D'un côté, un peu trop d'évidences peut-être ? Pas vraiment de surprises ? Mmm, faut voir... D'ailleurs c'est bien aussi, les évidences, quand c'est bien présenté. Puis d'un autre côté, le film démonte les mythes du western un par un. Non, beaucoup de qualité, y a pas à dire, dans cette fresque de près de trois heures, qui passe comme une lettre à la poste.
Dialogues solides. Et peut-être encore plus réussi : beaucoup de silences et de regards, très évocateurs. Les portraits tirés en sortent travaillés, intéressants ; y a même un personnage féminin (Jean Simmons) qui sert à quelque chose !
D'autant plus que du côté de l'interprétation, on est sur un sans faute, là, c'est rare ! Ah, ce Peck, étonnant quand même, comment il sait être bon, assez souvent, finalement ! Faut juste pas lui faire jouer un type ne serait-ce qu'un peu bad guy, quoi... Mais là, ça me fait bizarre de le dire, mais c'est l'homme de la situation !
Charlton n'était alors tout juste pas encore la légende qu'il allait devenir après "Ben-Hur", mais entre DeMille et Welles, c'était déjà costaud, au point que c'est étonnant de le voir dans un second rôle, qu'il interprète très bien. Les deux dames du casting sont très convaincantes dans la peau de ces deux personnages contrastés. [Note : penser à approfondir la filmo de Jeeaaan !!]
La palme va aux deux patriarches, et surtout Rufus Hannassey, joué par, contrairement à ce que j'ai été OUTRÉ de lire chez Artobal, le TOUJOURS EXCELLENT Burl Ives, qui a d'ailleurs très justement obtenu l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour sa performance ici.
Bien sûr, s'il y a de la puissance dans "The Big Country", c'est avant tout grâce à sa facture irréprochable. Les grands espaces sont absolument splendides, le cadrage et les plans d'ensemble jubilatoires, la lumière à couper le souffle...
En plus il y a un travail sur le son très intéressant : absence de son, son en décalé pendant la fameuse baston, musique qui vient couvrir des paroles...
Et en parlant de son, le tout est parcouru par une BO parmi les toutes meilleures du western, rien que ça.
Le mot "western" qui prend toute sa dimension. Du très grand cinéma.