The Big Country rappelle les bons souvenirs de western à l'ancienne alors que c'était en vogue à Hollywood, avec ses thématiques tournant autour de saga familiale et de grandes propriétés, et ici, William Wyler s'intéresse notamment à la venue d'un gentleman dans un monde de brutes.
Le metteur en scène de Rue Sans Issue signe là un bien joli et majestueux western humaniste, étudiant donc la venue puis l'adaptation d'un étranger venant retrouver sa bien aimée au milieu d'affaires violentes mêlant voisinage, terre ou encore sentiment. Par le prisme de ces thématiques plutôt classiques dans le western, il met en avant plusieurs facettes de l'humain, le courage, l'intelligence ou l'abnégation chez les uns, la violence, stupidité, jalousie et aigreur chez d'autres. Il se montre intelligent dans ces traitements, alors qu'il met en scène une région dont le cœur va battre à toute vitesse le temps de cette adaptation, et placer la tragédie au centre de son film, et de manière générale du western.
Il trouve toujours la bonne alchimie entre les thématiques, l'avancement de l'histoire et les personnages, mais aussi dans sa vision, à la fois classique dans la forme mais plutôt novateur dans le fond, que ce soit dans la figure du protagoniste, à l'opposé du personnage type et sûr de soit de l'époque, ou encore des femmes, ici fortes et capables de dompter les hommes. C'est dans la figure du protagoniste que The Big Country trouve ses forces, pouvant d'abord apparaître faible, mais se révèle tout le long intelligent, faisant preuve de morale et de volonté, refusant ainsi de suivre les traditions locales. William Wyler ne se pose pas en juge, s'appuie sur une écriture juste pour créer des portraits riches et plutôt complexes pour la majorité, et il en est de même pour les relations entre les personnages ainsi que leur évolution.
William Wyler démontre aussi une réelle maîtrise derrière la caméra, tant dans le rythme et sa façon de nous captiver durant plus de 150 minutes que dans la reconstitution raffinée de l'Ouest américain alors que les grands empires d'élevage se construisaient. Cet aspect historique est aussi passionnant, alors qu'il fait preuve de nombreuses bonnes idées, offrant ainsi quelques séquences mémorables, à l'image de l'arrivée du protagoniste en ville ou du final violent. Ce western pacifiste bénéficie aussi d'une remarquable bande-originale, ainsi que de très bons comédiens, que ce soit un Gregory Peck à la fois sensible, juste et fort, un Charlton Heston ambigu ou tout simplement l'ensemble du casting.
En signant The Big Country, William Wyler propose un western pacifiste et passionnant, sublimant les grandes contrées de l'Ouest pour créer une atmosphère mélancolique, prenante et ambiguë, à l'image des personnages, alors qu'il n'oublie pas non plus de sublimer le contexte et les comédiens.