Deux ans après le triomphe commercial des Dents De La Mer de Steven Spielberg, le réalisateur Peter Yates adapte à son tour un roman de Peter Benchley et choisit l'un des trois héros du fameux métrage de Spielberg, en l'occurrence Robert Shaw, pour surfer sur le succès du film aquatique. Mais si Les Grands Fonds fut vendu comme un shark movie (ce qu'il n'est absolument pas), il n'en reste pas moins un très bon film d'aventure superbement filmé et interprété.
Un couple d'amoureux en vacances aux Bermudes s'adonne aux plaisirs de la plongée sous-marine. Explorant les abords d'une épave militaire, le duo découvre une petite fiole contenant de la morphine ainsi qu'un étrange médaillon espagnol, vestige d'une épave bien plus ancienne. Avec l'aide d'un gardien de phare, nos deux tourtereaux organisent une chasse au trésor qui va fortement intéresser la mafia locale, adepte de vaudouisme et de meurtres sanglants...
Si le script n'est pas très original en soi, l'atmosphère allouée au long-métrage, avec ses longues scènes de plongées sous-marines, son suspens et sa violence explosive, reste un bel exemple de divertissement comme l'on n'en fait malheureusement plus au XXIe siècle. Simplicité et efficacité se conjuguent ici en proposant un casting de rêve dans un décor paradisiaque pour une évasion du quotidien totalement assurée. Que demander de plus ?
En gardien de phare expert en chasses aux trésors, Robert Shaw s'éloigne un tant soit peu du vieux loup de mer qu'il incarne dans Jaws tout en gardant sa gouaille et son intensité. Le vieux loup de mer en question, c'est l'excellent Eli Wallach qui le personnifie ici, en lui ajoutant pas mal de sournoiserie et un brin d'alcoolisme. Le grand méchant de l'histoire n'est autre que Louis Gossett Jr. qui sait être extrêmement flippant de par un simple sourire narquois. Et pour parachever, le couple d'amoureux se voit interprété par Jacqueline Bisset et Nick Nolte, tous deux jeunes, sublimes et bronzés. Elle, sexy en diable, dénudée sous son tee-shirt mouillé (les concours du genre dans les campings et autres clubs de vacances ont d'ailleurs été inspirés par son personnage) et lui, moustachu affriolant, aussi passionné que bienveillant. Un casting parfait pour plus de deux heures d'aventures où les caméras de Yates nous guident dans une chasse au trésor passionnante, dangereuse et sans effets numériques (merci les années 1970), rythmée par une chouette et adéquate partition de John Barry et un sens du cadrage hors pair lors des nombreuses scènes sous-marines shootées dans de véritables épaves.
À noter qu'un remake intitulé Bleu D'Enfer a été réalisé en 2005 par John Stockwell, avec Jessica Alba et Paul Walker.