S'inspirant peut-être d'un fait divers provincial et judiciaire tel celui, célèbre, des Dominici, Jean Chapot tourne une intrigue policière où il oppose le jeune juge Larcher au clan paysan des Granges Brûlées mené par le fort caractère de Rose. Une jeune femme a été sauvagement assassinée et l'un des fils de Rose est soupçonné.
En dépit de la diversité thématique du sujet que Chapot prétend exploiter (l'histoire criminelle, la relation entre le juge et Rose, l'observation d'un monde paysan laborieux et méritant), son film est plutôt un film médiocre. Une écriture superficielle et une mise en scène poussive (que de plans et de scènes inutiles!) plombent un drame sans inspiration ni relief. Le regard que Chapot porte sur la vie rurale manque d'authenticité; la relation, silencieuse, de sympathie entre le juge et la matriarche est vaguement montrée mais guère justifiée ( pas plus que n'est caractérisée la personnalité soi-disant exceptionnelle de Rose) et l'intrigue, déjà banale, se traine, diluée dans ce contexte artificiel. Le face à face Delon-Signoret, dépourvu d'intérêt psychologique et dramatique, frôle l'insignifiance. Les acteurs demeurent dans une composition morose, voire glaciale, à l'image de la campagne enneigée du Haut-Doubs. Les auteurs se maintiennent dans l'anecdotisme autant que dans une certaine "qualité française" des années 70, et passent à côté d'une intéressante chronique de moeurs.