Années 70 à New York, tous les gangs de la ville se retrouvent pour un meeting. Un chef de gang abat le grand Manitou et accuse un autre gang d'en être responsable, The Warriors. Ces derniers vont devoir rentrer chez eux, à Coney Island, en prenant le métro tout en évitant la foultitude d'autres gangs, furieux d'avoir perdu leur chef suprême.
Alors ça, c'est pas le pitch, c'est le scénario.
En effet, le film se déroule presque comme un jeu vidéo dans lequel il faut passer les méchants pour arriver au niveau supérieur jusqu'au Big Boss final. C'est assez mal amené, parfois artificiel mais dans le fond, on s'en tape. Parce que dans The Warriors, ce qui est intéressant, c'est l'atmosphère.
Déjà, je ne suis pas d'accord avec les bribes de certaines critiques que j'ai pu lire : ça n'a pas « pris un coup de vieux », le film a juste vieilli. Ce qui fait qu'il perd un peu de son impact culturel et social, mais gagne en cachet. Un peu comme un vieil appart' des années 70, ou des objets chinés dans une brocante. Ca devait être cool et branché à l'époque, maintenant c'est juste old school et ultra hype.
Ce qui marque dans The Warriors, ce sont les costumes improbables et le ridicule des gangs en question. Il y a de tout, du grand, du petit, du nerveux, du taciturne. Le gang des Skin, des blousons noirs, des gilets sans manche, des salopettes, des chemises trouées, des vendeurs de radis, des joueurs de bilboquets... J'exagère à peine. D'un autre côté, ça met un peu de sel (n'allons pas jusqu'à dire piment) dans les pérégrinations de nos chers Warriors, au demeurant fort sympathiques et comprenant le génial James Remar que certains ont pu voir dans Robo Warriors, mais surtout dans la série Dexter.
Outre cet intérêt amusant pour les accoutrements, le film à deux atouts majeurs. Le premier étant sa musique, absolument parfaite, représentative de son époque (fin 70, tout début 80) et collant à merveille au propos du film. Le second étant la ville de New-York de nuit, passant par une grande partie de ses quartiers et surtout, surtout, son métro. Le métro de New-York est grinçant, suintant et fardé de graffitis inesthétiques. C'est une boîte de conserve suffocante sur des rails.
The Warriors, à défaut d'avoir un scénario un brin poussé, possède une alchimie qui fonctionne. Et malgré son côté désuet, il renvoie tout de même à une certaine violence actuelle, et surtout aux gangs contemporains aux Etats-Unis. Dans les années 70, on se battait à coup de batte de base-ball, de poings ou de barre de fer. On aboyait plus qu'on ne mordait. Il n'y a qu'un seul flingue dans le film, et il n'est utilisé qu'une fois. Imaginons ce film tourné de nos jours, ce serait un court-métrage car les Warriors se feraient exploser la tête à coup de gros calibre sans passer par la case métro, car les gangs se seraient rencardés entre eux à renfort de textos.