Difficile de s'arracher à l'ombre envahissante d'un père célèbre. Ishana Shyamalan rejoint la liste des réalisatrices "filles de", et revendique sa filiation cinématographique. Comme son père, elle préfère l'atmosphérique au sensationnel, l'intime au grandiloquent, les plans posés aux effets de montage facile. Dans Les Guetteurs, pas ou peu de jump scare gratuits, plutôt une ambiance glauque et pesante. La bande-annonce pouvait laisser imaginer un quasi huis-clos étouffant, mais la forêt vient ici jouer un rôle prépondérant, plantant les limites d'un décor qui semble délimiter le cadre et le réduire, écrasant encore un peu plus ses personnages et les rendant plus insignifiants, plus vulnérables. Un terrain de jeu très bien exploité durant la première moitié du film, sublimé par une photographie jouant à fond la carte des oppositions entre des intérieurs lumineux et chaleureux, et une canopée ne laissant filtrer qu'une lueur grisâtre et morose.
Le scénario, adapté du roman éponyme de l'écrivain Irlandais A M Shine, s'inspire des légendes locales sans toutefois en explorer tous les aspects en profondeur. C'est d'ailleurs le principal reproche que l'on pourrait adresser au film. Celui de rester en surface, de proposer des pistes, des clés d'interprétation, mais sans vraiment prendre la peine de les développer. Cela vaut pour l'aspect mythologique, qui ne propose finalement pas grand chose d'autre qu'un cadrage au récit, mais aussi pour la psychologie des personnages, qui n'est qu'effleurée. Que ce soit notre protagoniste ou les rôles secondaires, il ne se voient offrir qu'un traitement superficiel et restent bien trop mono dimensionnel pour rendre la partie huis-clos passionnante. Leurs nuits passées à se faire observer ne révèlent finalement pas grand chose de leur personnalité, et on aurait aimé prendre le temps de mieux les connaître.
La personnalité, c'est peut-être ce qui manque à ce film pour vraiment se démarquer. Shyamalan reste trop à la surface pour vraiment marquer le spectateur. La patte de son père est aussi un peu trop présente dans la construction des dialogues et la direction d'acteurs.
Pour un film qui a pour principal sujet celui du double et de la copie, c'est un peu ironique. On sent que cette question pèse sur les épaules de la jeune réalisatrice, mais elle ne parvient jamais vraiment à dire quelque chose là dessus et se contente, une fois de plus, d'effleurer un sujet qu'il aurait fallu creuser plus en profondeur.
Les Guetteurs est finalement une belle promesse, avec quelques scènes très bien ficelées et une atmosphère pesante à souhait, mais qui peine à décoller à cause d'un traitement trop superficiel.