Premier film à traiter de la rafle du vel d’hiv, « les guichets du Louvre » s’oppose en tout points à « La rafle ». Il prend pour personnages principaux un jeune couple auquel il est facile de s’identifier, un étudiant républicain entêté, idéaliste et courageux et une jeune juive, ouvrière résignée à son sort (la regrettée Christine Pascal). La mise en scène insiste sur l’aspect angoissant de la situation, la répétition du passage des bus verts et le quadrillage des rues par les forces de l’ordre, finissent par créer un climat de traque anxiogène plutôt réussis, proche de l’univers de Kafka. L’histoire sentimentale prend tout de même le dessus au final. Le film vaut aussi pour le portrait assez manichéen qu’il fait du comportement des français à l’époque, partagés entre les Justes, les antisémites et les profiteurs qui pillent les appartements fraîchement désertés, en cela il rejoint le film de Rose Bosch, sans doute est il difficile de nuancer son récit quant on évoque une époque où les sentiments et les opinions étaient aussi tranchées. Reste un film sobre et sensible, réalisé avec tact et talent. A (re)découvrir.