Le 16 juillet 1942, un étudiant bordelais est averti d'une rafle imminente contre les Juifs à Paris. Il se rend dans le quartier Saint-Paul pour tenter de sauver quelques personnes. Un long générique détaille la préparation nocturne, le transport des policiers dans des bus (avec pain et saucisson), et leur concentration dans le quartier juif. Cette coordination exige une organisation impeccable et de nombreux agents. Les troupes d'occupation allemandes ne disposaient pas des effectifs nécessaires à une telle opération.
Le but principal du film est de multiplier les scènes concrètes de la rafle : les policiers en action, l'arrestation des Juifs et leurs réactions, ainsi que les diverses réactions des voisins. Traités en coupables, les innocents à l'étoile jaune passent par toutes les émotions, avec dans le regard : la stupeur, l'incrédulité, l'espérance, la compréhension, la révolte, la résignation, l'obéissance... Paul tente de prévenir des femmes, des vieillards et des enfants, mais on se méfie de lui. De quoi se mêle-t-il ? N'est-ce pas un piège ? Personne ne le suit pour échapper au coup de filet en cours. Les Juifs français ne seront pas arrêtés comme les Juifs étrangers ! Deux enfants veulent rejoindre leurs parents. Des vieillards se trouvent trop âgés pour fuir...
L'espoir est indéracinable. Qui veut croire les prophéties d'un oiseau de mauvais augure ? Depuis l'Antiquité, Cassandre fait peur et inquiète. Paul ne se décourage pas, croise une jeune femme juive et tente de la raisonner. Mais Jeanne préfère retrouver sa famille, y parvient au moment où ses proches sont embarqués dans un fourgon... Ainsi la police française arrête les Juifs français ? Malgré l'évidence, Jeanne refuse de suivre Paul, cherche à rejoindre d'autres membres de sa famille. L'étudiant parviendra-t-il à la convaincre de sa bonne foi et à la sauver ?
Le film de Michel Mitrani est moins une fiction classique qu'un documentaire sur le rôle de la police française, fidèle exécutrice de la politique antisémite de Vichy. Quel titre absurde ! On peut en trouver de bien meilleurs. Christian Rist et Christine Pascale sont crédibles en étudiant et en ouvrière. Et certains seconds rôles crèvent l'écran comme Judith Magre, Alice Sapritch ou Michel Auclair.