Durant le 16 Juillet 1942, alors que la rafle du Vel d'Hiv va commencer, un étudiant bordelais en transit à la capitale essaie de sauver le plus de gens possibles de la catastrophe à venir, jusqu'à ce qu'il rencontre une jeune femme, fourreuse, juive, et qui est également en danger elle et sa famille du fait de sa religion juive.
Sorti un tout petit peu avant Mr Klein, Les guichets du Louvre (qui représentaient la limite où la rafle s'effectuait) est le premier film à parler ouvertement de la rafle du Vel d'Hiv, mais ça n'est pas son sujet principal. Ici, c'est concentré sur la relation naissante entre ce jeune homme, joué par Christian Rist, et Christine Pascal, qui est comme ceux qui croyaient que cette rafle ne concernait que des personnes juives de nationalité étrangère. Il y a d'ailleurs une grande confiance de la part des habitants du quartier St Paul, qui fut bouclé, car ils gardaient une grande confiance envers l’État Français mais il étaient loin de s'attendre au drame à venir.
D'ailleurs, on ne voit pas le Vel d'Hiv en lui-même, seulement des personnes conduites en bus.
Michel Mitrani était un réalisateur qui travaillait essentiellement pour la télévision, ce qui nous vaut une mise en scène parfois académique, mais il a eu la très bonne idée de filmer ces petites rues du quartier comme si on était dans un labyrinthe, avec des portes qui ressemblent à des voies sans issues, de sorte qu'à un moment donné, nos repères géographiques sont vite ébranlées. Bon point également pour les décors, qui paraissent tous sales. Il a eu également une très bonne idée de faire jouer les deux rôles principaux par Christian Rist ainsi que Christine Pascal, qui ont l'âge des rôles, dont on voit le rapprochement progressif malgré le vouvoiement, malgré leur diction extrêmement soutenue qui fait penser à de la littérature (car le film est issu d'un livre), mais qui sont à la fois tiraillés par le fait de sortir de cette zone dangereuse pour l'un, et l'envie de retrouver sa mère et sa soeur pour l'autre.
On croise très rapidement Alice Sapritch, Michel Auclair et Judith Magre dans le reste du casting.
Sans l'initiative de Bertrand Tavernier, qui a insisté pour que le film soit restauré et disponible en vidéo, nous serions passés à côté d'un très bon film, d'une grande pudeur et délicatesse sur un sujet difficile, et qui nous venge de ce qui sera fait 35 ans plus tard avec La Rafle SFP.