SPOILERS INSIDE
Le film commence ; on jette des bûches pour alimenter le feu et puis ensuite on reconstruit l'univers, rien que ça. Les corps s'agitent, tournent, la caméra capture cela parfaitement dans un noir et blanc génialissime. Les hommes peu attirants au premier abord se lancent dans une danse d'une beauté sans nom. La caméra remonte juste en dessous d?une source de lumière. La grâce se pose sur nous. Puis vient l'éclipse, la lune cache le soleil, la chaleur, la lumière. On a peur on n'a pas envie de quitter le soleil et sa beauté. Heureusement la lune passe ; la danse reprend avec tout le monde. Harmonie totale, Harmonie avec des piliers de bistrot, êtres peu attirants au départ. Harmonie avec des éléments discordants. Harmonie Werckmeister.
Mais il est 22 heures, il faut partir. Après la mise en scène de l'univers, le héros sort seul dans la nuit et un travelling arrière nous amène dans la pénombre. Après ça tout m'a paru un peu fade. Oui les scènes sont bonnes, il n'y a pas d'erreur esthétique mais ça semble être du plan séquence pour du plan séquence. Où est la grâce? Il en manque un peu.
Puis le héros, probable incarnation de Béla Tarr, lui aussi metteur en scène de l'univers, arrive sur la place. L'attraction (est-ce la baleine ou le prince?) a attiré des gens, en groupe épars sur la place. Le héros marche accompagné de la caméra. Puis la porte s'ouvre et, plongés dans l'obscurité, nous pouvons contempler la baleine, animal immense, incongruité au fond de la Hongrie. Elle reste dans l'ombre, belle, mystérieuse. La musique démarre. Extase cinématographique.
Mais le héros sort du container. Il rejoint les hommes qui ne s'intéressent pas tous à cette baleine. Et si ce cirque apportait le chaos?
Succession de scène qui semblent pâles face à la rencontre avec la baleine.
Le héros revient sur la place et en secret revoit la baleine. Dans le noir quasi total, il se trouve face à face avec la majesté de la baleine. Mais le ressort dramatique, ce qui fait avancer le scénario c'est le prince et pas la baleine. Le prince dont on ne voit que l'ombre provoque le chaos et lance la foule de ses adeptes vers l'hôpital.
Pas de pitié, tout est détruit, tous les malades sont malmené. Mais la grâce apparaît. Ce n'est pas un être splendide mais au contraire un être faible, vulnérable, décharné. Mais il resplendit et nous éblouit. Reflux de la foule.
La ville est maintenant dans le chaos. Le héros, le poète doit fuir. Il est rattrapé.
La baleine nous apparaît, nue, sans la protection de l'obscurité dans la place déserte. L'oncle s'en approche, la contemple puis s'en éloigne. Il se retourne. La baleine disparaît dans la brume. Générique.
Oui mais voilà je suis quand même déçu. Le problème pour moi, la chose qui ne me fait pas considérer ce film comme un chef d'oeuvre, c'est que toutes les scènes ne sont pas égales aux scènes magnifiques. Je ne me suis pas ennuyé mais pendant le début je n'était pas ultra intéressé par ce que je voyais. Peut-être que pour rentrer dans l'univers de Tarr, il faut prendre son temps. Je pense que je vais voir Satantango...