Voilà une belle surprise: là où les adaptations des romans classiques se suivent et se ressemblent, en voilà une qui a le mérite d’oser autre chose.
Déjà, n’adapter qu’une partie du livre, c’est forcément occulter le dénouement, c’est se limiter, se donner moins de choses à dire, et s’obliger à vivre mieux le peu qui reste.
Du coup, ça permet de jouer la carte du contemplatif à fond: on entend le vent tout le temps, et ça fait échos à la colère de Heathcliff qui gronde, qui gronde tant qu’on a l’impression d’avoir mal à la tête pour lui tellement on sent ses pensées se bousculer dans son crâne.
L’ambiance et dérangeante au possible, et là le film fait mouche.
La relation Heathcliff/Katerine est à la fois simple et passionnée, tour à tour violente et sourde, de celles qui vous élèvent ou vous bousillent. Pas besoin de grandes tirades, pas besoin de dialogues trop appuyés, les plans se suivent et on devine, on ressent leurs émotions (même quand elles sont glaciales, on les sent).
Alors oui le film est très lent, il ne traite pas de la moitié la plus dure de l’histoire, il ne s’arrête qu’à la genèse de “ce qui a fait d’Heathcliff ce qu’il est devenu”, mais ça offre un regard plus franc et plus réaliste sur tout ce petit monde.
J’ai vraiment beaucoup aimé, le seul bémol étant la mise en avant de Kaya Scoledario alors qu’on la voit bien peu au final, et que l’actrice qui joue la jeune Katerine aurait mérité plus d’égards tant elle semble authentique.