Les Herbes folles par emmafrida
Les Herbes folles est un film très déroutant, totalement libre.
La première demi-heure s'est révélée plutôt très ennuyeuse, lente et poussive...
Puis un certain rythme s'est installé et le propos du film semblait de plus en plus limpide : une liberté narrative totale, des personnages en proie à leurs envies, leurs désirs, leurs pulsions et qui mènent totalement le film. Même la voix off- Edouard Baer, très à l'aise avec les enchaînements absurdes- hésite, se corrige, ne sait pas si elle raconte tout à fait la véritable histoire et insiste sur le fait que tout aurait pu être totalement différent. Resnais semble s'affranchir de l'idée même de scénario, prône le choix de l'improvisation (feinte, puisque tout est en réalité très écrit) refusant de mener le récit dans le seul but de répondre aux attentes du spectateur : les questions ébauchées ne trouveront jamais de réponse. Les personnages sont sans passé et leurs actes n'ont pas la moindre motivation psychologique, ils sont guidés par le seul instinct, à l'image des herbes folles qui percent ça et là à travers le béton, de manière totalement hasardeuse. Liberté du jazz également, dont Christian Gailly, auteur de "L'Incident"- roman dont s'inspire ici Resnais-est un fervent amateur.
L'image est parfois un peu trop criarde mais les scènes de nuit sont superbes et évoquent parfois Wong-Kar-Waï. On trouve aussi un clin d'oeil minuscule à Philip Roth et à son dernier roman "Exit le fantôme", dont le narrateur, de retour à New York, se retrouve brutalement submergé par ses désirs.
Un film en demi-teinte, assez déconcertant, qui propose une vraie réflexion sur le cinéma et l'idée de personnage mais qui rate peut-être un peu sa fonction de divertissement...