Les Herbes sèches de Bilge Ceylan est à la fois caractéristique du cinéma de ce réalisateur turc mais parvient aussi à surprendre par rapport aux habitudes, au style de celui-ci. Le film débute assez classiquement pour Bilge Ceylan, un personnage de professeur de collège lors d'une rentrée des classes dans un établissement d'Anatolie, dans le centre de la Turquie ou le climat est rude en hiver et ou la pauvreté est très présente. On ne nous raconte pas vraiment une intrigue bien précise durant les trois heures de ce film, on passe d'une affaire d'accusation d'élèves à un trio amoureux, le tout agrémenté par des scènes de discussions desquels sortent à nouveau le talent de dialoguiste de l'auteur (notamment la longue scène de discussion à la fin du souper entre le personnage principal et son amie). Personnellement le cinéma de Bilge Ceylan ne m'ennuie pas du tout, pas vu passer les trois heures de durée. Ce film est légèrement différent sur certains points, il y a par exemple moins de séquences contemplatives en extérieur que d'habitude, peut-être le repérage des paysages et lieux a été moins fructueux ? Cela n'empêche pas d'avoir des très belles scènes dans les décors sauvages de la région de tournage, beaucoup d'entre elles se déroulent de nuit. Le tempo est plus soutenu que dans certains métrage précédents, la troisième heure est nettement la meilleure partie du film car l'auteur parvient même à surprendre via une scène, après le souper déjà cité, très étonnant pour un cinéaste réaliste.