Les Herbes Sèches est un film exigeant du fait de sa longueur, mais aussi de l'âpreté de ses paysages et de la vie de ses personnages ainsi que de ses longues scènes de dialogues, dont il faut souligner la qualité et la finesse d'écriture.
La complexité des personnages est également à mettre en avant, notamment celle du personnage principal, génial anti-héros pour lequel on se plaît à se demander tout le long du film s'il faut l'aimer ou le détester. Le personnage féminin, pour laquelle l'actrice a gagné un prix d'interprétation au dernier Festival de Cannes, fait preuve d'un engagement et de convictions qui forcent l'admiration. Enfin, le performance de la jeune adolescente est à mettre en avant, dégageant, là encore, beaucoup de complexité et d'ambiguïté.
La mise en scène est impressionnante de précision et de rigueur. La caméra ne bouge pas forcément beaucoup mais elle semble toujours positionnée à l'endroit le plus pertinent pour rendre compte des intentions du réalisateur. L'insertion des très belles photographies qu'il a lui-même prises est également très réussie et apporte au film, très bavard, cette touche d'émotion qui pourrait lui manquer par ailleurs, tout comme la séquence finale, qui développe un lyrisme inattendu.
Enfin que dire de cette séquence, géniale, sidérante, dont on se demande si elle a vraiment existé tant elle est audacieuse et qui, à l'instar du Club Silenzio de David Lynch, fait basculer le film dans une toute autre sphère d'analyse, indiquant au spectateur que ce qu'il voit ne correspond pas autant à la réalité que ce que sa réalisation quasi naturaliste pourrait laisser paraître.
En résumé, un film qui, je pense, aurait pu repartir avec n'importe quel autre prix du Festival, tant il est riche et travaillé.