Avec ce film, l'acteur-producteur Kirk Douglas est conscient de réparer une injustice en répondant à l'invitation d'Anthony Mann qu'il avait renvoyé du tournage de Spartacus, la dette promise est donc payée. Mais Douglas est en même temps passionné par le sujet qui est celui de la bataille de l'eau lourde qui relate l'odyssée de quelques Alliés pendant la Seconde guerre mondiale, chargés de détruire la production allemande d'eau lourde destinée aux bombes atomiques, dans l'usine norvégienne de Rjukan.
Bénéficiant de conseillers techniques norvégiens qui ont participé à cette opération de sabotage, l'intrigue relate effectivement 2 faits réels : la destruction partielle de l'usine en février 1943, et le sabotage d'un ferry-boat transportant des réserves d'eau lourde en février 1944. Le tournage a lieu en extérieur dans les paysages enneigés de Norvège, avec la coopération de champions de ski du pays, les intérieurs étant tournés en Angleterre, et Anthony Mann est secondé par une équipe anglaise et des acteurs britanniques, Douglas étant le seul Américain dans cette production qui sera le dernier film entièrement dirigé par Mann (il meurt en 1967, laissant inachevé Maldonne pour un espion).
L'échec de ce film fut injuste et immérité de la part des critiques de l'époque, il résulte d'un malentendu et d'une sorte de rejet car ce sont des faits réels transformés en superproduction par le savoir-faire d'un grand réalisateur, une sorte de western des neiges, où les poursuites à skis remplacent les longues chevauchées. C'est pourtant une belle page d'Histoire qui relate les événements de façon certes hollywoodienne, mais qui doit être prise simplement pour ce qu'elle est, un solide film de guerre, avec quelques moments de suspense, où Mann retrouve son génie descriptif de la nature sauvage, et où les acteurs font bien le job, particulièrement le grand Kirk, Richard Harris et Anton Diffring encore dans un rôle d'ignoble nazi...