Contrairement a beaucoup de cinéphiles, je n'ai rien contre les films historiques et autres biopics qui prennent la forme d'une page wikipedia illustrée. C'est souvent instructif et plus synthétique et distrayant qu'un gros bouquin sur le sujet (même si ce n'est évidemment pas du tout comparable).
"Darkest hour" apparaissait un peu comme ce genre de film à Oscars, avec une prestation majuscule de Gary Oldman (récompensé comme prévu par une statuette), parfaitement grimé en Winston Churchill au point d'en être méconnaissable.
Le problème, c'est que le film est uniquement axé sur les négociations internes des autorités anglaises en mai 1940, qui aboutiront finalement à poursuivre la guerre malgré la situation terrible des troupes britanniques, cernée par l'armée hitlérienne autour des bastions de Calais et Dunkerque.
Et comme on connaît déjà le dénouement de l'histoire, off course, ce film très bavard finit par se révéler redondant et presque ennuyeux durant la deuxième heure, sentiment renforcé par les teintes brunâtres de la photo et les nombreuses scènes en intérieur.
Envers du décor du "Dunkirk" de Nolan, "Darkest hour" s'avère d'autre part trop pompeux lors de certaines séquences, avec une musique qui vient surligner lourdement les passages les plus marquants (même si le sujet appelait forcément un certain lyrisme), voire manichéen et légèrement démagogique (le bon peuple a forcément raison contre les élites aveuglées).
Dans le même ordre d'idée, Churchill était certes un homme d'exception, qui a eu bien du mérite de résister à la folie nazie, mais ce va-t-en-guerre alcoolique était prêt dans le même temps à sacrifier des dizaines de milliers d'hommes sur un pari pour le moins aléatoire. Sans tomber dans l'hagiographie absolue, le film nous présente tout de même un portrait clairement idéalisé de ce héros de la nation britannique.
En dépit de ces quelques bémols, on passe malgré tout un assez bon moment devant le septième long-métrage de Joe Wright, notamment grâce à une interprétation très convaincante (Oldman mais aussi Kristin Scott Thomas, Ben Mendelsohn et Lily James), mais en restant loin du grand film historique espéré.