Les Hommes le dimanche par Ochazuke
Par hasard, j'ai eu la chance de voir ce film qui sous ses allures de documentaire n'en est pas un.
Récit de quelques jeunes adultes que nous suivons le temps d'un week-end, du samedi soir, lors de leur sortie le dimanche au bord de l'eau, jusqu'au retour à leur travail le lundi, "Les hommes le dimanche" est aussi un témoignage filmique sur Berlin en 1930, par l'ensemble de ses plans qui s'attardent sans commentaire sur les berlinois toutes catégories sociales confondues, et leur environnement (devantures, boutiques,façades, transports en communs...)
Film court de très haute qualité, avec des cadrages exemplaires, "Menschen am Sonntag " est magnifique, léger, frais et capture ce qu'il peut y avoir de plus évanescent : les sourires, la complicité, la séduction et la jalousie, sans théâtralité excessive. Film allemand, il n'en reste pas moins accessible aux non germanophones pour une dizaine de phrases tant l'éloquence filmique est claire.
Pourquoi ai-je autant aimé ce film ? Sans doute pour la beauté de ces jeunes actrices dont la pureté sentimentale est diaphane et qui sont l'archétype d'une fraicheur, d'une jeunesse universelle et atemporelle.
Pour l'atemporalité aussi des divertissements et des loisirs qui m'a amené à me questionner sur ce qui avait pu changer malgré toute la distance historique et événementielle que nous connaissons.
Comment ne pas se projeter et nous dire que ce peuple que nous avons haï pour ce qu'il a commis quelques années plus tard, est semblable au nôtre ? Le mêmes rires, boutades, jeux et embrassades. Qu'est-ce qui nous distingue au fond ?
Nous avons à un moment donné un photographe public dont on voit le travail sur ses sujets, ces personnes communes, jusqu'à la photographie finale qui les a figés, immortalisés et embellis. Ce moment-clé nous fait comprendre alors ce que nous regardons : la saisie par le film d'un sujet, Berlin aux années 30, avec un mélange étonnant et inhabituel de fiction minimale et de documentaire sans commentaire, une fenêtre sur le passé dont l'effet miroir réfléchit notre propre humanité...