Sympa le film de braquage. Faut dire que c'est un genre que j'apprécie.
Le début est un peu long : on dirait un film choral, où l'on découvre plein de personnages qui vont se croiser ou que l'on sait qui vont se croiser plus tard. C'est mou, il se passe pas grand chose, y a un peu trop de pathos mais il reste quelques moments sympathiques. Le plus fort, c'est la deuxième moitié du film, quand le moment de braquer est arrivé, qu'on fixe les dernières préparations et qu'on arrive à un final plein d'action révélant une belle complexité des personnages.
La mise en scène est quand même pas mal ! On dirait un film réalisé dans les années 70. Apparemment c'est un des films tournés en cinemascope et deluxe color le moins cher de l'histoire : on ne le sent pas ! Certes, c'est modeste, mais ça tient la route on ne se dit jamais 'tiens ça aurait pu être mieux avec plus d'argent. La première moitié comporte quelques bonnes idées, mais c'est surotut dans la seconde moitié que Fleischer se montrera plus ingénieux dans son découpage, dans sa manière de dérouler l'action, dans sa manière de contourner une facilité narrative (sur le papier, la manière dont le héros se libère est un peu facile, mais dans la mise en scène, Fleischer parvient à dresser des petits conflits qui rendent la scène plus crédible) ; il y a un travail du son très intéressant. Première chose, le petit bruit du scotch. C'est pas grand chose, mais ça permet d'en jouer en hors champ. Et puis le fait que toute l'action ne soit pas portée par une musique encombrante : le silence, c'est quand même bon.
Les acteurs sont bons dans le genre polar, donc forcément, y a un côté caricatural. Mais celui qui m'a le plus impressionné c'est Borgnine. Son personnage est bon à la base, mais sa manière de l'interpréter est assez plaisante, un peu Lynchienne on va dire (dans le bon sens du terme). Marvin est cool aussi, déjà à l'aise dans ses baskets pour interpréter de la même manière qu'il le fera durant presque toute sa carrière à venir.
Bref, c'est dommage que la première partie ne soit pas un peu plus dynamique, heureusement la seconde relève le niveau et pas qu'un peu, sacré nom d'une pipe !