Très (mais alors très) librement inspiré des mémoires d'Eliott Ness, The Untouchables est la vision toute personnelle du cinéaste Brian De Palma et du dramaturge / scénariste / réalisateur David Mamet sur la traque du tristement célèbre Al Capone par Ness et ses hommes au cours des années 30.
Ne conservant de la réalité que les grandes lignes, Brian De Palma et David Mamet vont orchestrer un film noir d'une beauté fracassante, s'associant avec les meilleurs dans tous les domaines pour concrétiser un projet ambitieux, transformant un simple polar en pur opéra baroque et violent. Une lutte acharnée, dont le véritable intérêt ne sera finalement pas de savoir si le gangster omnipotent sera sous les verrous, mais bien d'observer les répercussions physiques et psychologiques des événements sur des représentants de l'ordre prêt à tout pour coincer leur proie.
Si les "vilains" du film souffrent ainsi d'un traitement caricatural, le scénario de David Mamet nuance heureusement les caractères de ses quatre héros, s'attardant sur leurs failles, sur leur définition du devoir, leur apportant une vraie épaisseur, rendant leurs échanges savoureux grâce à un humour bien dosé et leur destin forcément tragique.
L'interprétation est à l'image de l'écriture, les agents s'avérant bien plus convaincants que ceux qu'ils traquent. Car si la star De Niro (imposée par De Palma au point de gonfler le budget et au détriment de Bob Hoskins) en fait des caisses dans le rôle de Capone (malgré une implication ahurissante qui frôle l'obsession), tout comme ce filou de Billy Drago, le reste de la distribution est tout simplement impeccable. Pas encore au sommet du star-system, Kevin Costner est l'incarnation parfaite du flic bienveillant voyant ses illusions disparaître petit à petit, Sean Connery pète la classe en vieux baroudeur pince-sans-rire, Charles Martin Smith détonne agréablement dans ce paysage de gros durs et le jeunot Andy Garcia, bien que sous-exploité, laisse déjà entrevoir un véritable charisme.
Comme à son habitude, Brian De Palma impressionne de son côté avec une mise en scène opératique et magistrale, détournant avec malice le travail de ses aînés, qu'il s'agisse d'Eisenstein, d'Hawks ou d'Hitchcock, afin de créer un suspense insoutenable et de donner naissance à une poignée de séquences inoubliables, à l'image du duel dans la gare.
Bénéficiant d'une bande son impériale signée Ennio Morricone et d'une reconstitution absolument sublime, The Untouchables reste une des plus éclatantes réussites de son réalisateur, signant ici une relecture puissante et volontairement outrancière d'une mythique chasse à l'homme, qui avait déjà donné lieu à une célèbre série télévisée.