Les Indestructibles 2 reprennent immédiatement là où le premier film avait pris fin, alors que le Destructeur sort de son trou pour semer le chaos dans la ville. Et la vache, quel chaos ! Une imagerie décomplexée et récurrente du cinéma post-post-11 septembre d’aujourd’hui, qui n’hésite plus à montrer crûment des bâtiments exploser et s’écrouler sur leurs fondations, maintenant que le public a digéré et accepté d’intégrer ce genre de vision dans son inconscient.
Mais alors que nos héros sauvent la ville et un nombre incalculable d’innocents, bis repetita : les autorités politiques arrivent après la bataille et pointent du doigt la destruction et le coût matériel de leur intervention, avec l’aide de médias qui préfèrent le sensationnel au factuel.
Résultat : le programme de replacement des supers, dont Bob et sa famille bénéficiaient jusqu’à présent, est purement et simplement suspendu.
Contraints de vivre dans un motel pourri après la destruction de leur maison par Syndrome, les parents désespèrent, jusqu’à ce qu’un couple de bons samaritains nostalgiques propose une aide active à leur réhabilitation publique et politique… avec Elastigirl dans le premier rôle.
Voilà pour la situation initiale. Et à partir de là, une multitude de sujets à la complexité variée viennent se greffer : confiance dans le couple, fierté blessée du mâle alpha, vie difficile de père au foyer, crise d’adolescence, Jack-Jack hors de contrôle (et véritable star du film), questionnement sur notre manière de consommer notre vie au lieu de la vivre, double voire triple jeu…
On rit beaucoup, on est pris aux tripes, on s’accroche au siège et on ne s’ennuie jamais. Pas même durant les scènes plus calmes qui ne font jamais perdre son rythme narratif au film.
Soyons clair d’emblée : le méchant du film n’a ni le charisme ni la démesure de Syndrome. Ses motivations sont complexes, voire même confuses à certains niveaux, et seront particulièrement difficiles à comprendre ou même à expliquer aux plus jeunes.
Mais son message et sa philosophie n’en restent pas moins tout à fait tangibles, et j'avoue même… y adhérer par certains aspects.
En terme de qualité visuelle, Pixar repousse encore une fois ses limites avec une image parfaite et une esthétique globale qui subliment ce que le premier opus nous offrait en son temps.
Les scènes d’actions sont puissantes, rapides et lisibles. Énormément de choses se passent à l’écran, et on n’en perd jamais une miette, avec un sens de la vitesse, de la puissance et de l’impact toujours juste. Ça fait un bien fou après les boucheries visuelles que nous servent des tâcherons comme Michael Bay ou Rian Johnson.
Attention cependant pour les photosensibles : beaucoup de scènes impliquant l’Hypnotiseur utilisent des effets de stroboscopie (notamment une splendide scène de combat au corps à corps). Vous êtes prévenus.
Un quasi sans-faute donc, et pourtant un film qui ne sera sans doute jamais autant cité que son ainé, la faute à un méchant si nuancé et subtil qu’il en perd en charisme, faisant pâle figure face à un Syndrôme tout en démesure et en caricature. On notera également son lien distant, et je dirais même inexistant avec notre super famille. Comme quoi, l’adage ne se trompe pas : un bon film de super héros repose avant tout sur son super vilain.
Que cela ne vous retienne pas de vous ruer dans les salles. Le film est d’une très grande qualité globale, et propose un spectacle qu’il faut absolument voir sur écran géant avec les enceintes à fond.