Les Indestructibles 2
7.2
Les Indestructibles 2

Long-métrage d'animation de Brad Bird (2018)

Les indestructibles 2, ou la suite que tout le monde attendait. Le premier opus laissait un cliffhanger qui n'appelait pas forcément de suite : un méchant peu charismatique, un danger sans doute facile à éliminer (à condition que l'on soit un super-héros bien sûr).
Le deuxième commence à l'exact moment où se termine le précédent. Le méchant, comme je m'y attendais, est relativement vite expédié après quelques belles scènes d'action qui permettent de retrouver avec plaisir nos personnages. Il constituera l'incident déclencheur de l'intrigue principale : la lutte pour la légalité du statut de super-héros. Maintenant qu'on est lancés, qu'est-ce que ça vaut ?
Je me méfiais un peu à sa sortie de cette suite : déjà à cause de son statut de suite, ensuite parce que le dernier film en lice de Brad bird (Tomorrowland) m'avait laissé complètement froid.
Pourtant, c'est un sans faute pour les Indestructibles 2, un grand retour aux sources et, je le crois, une de ces rares suites meilleure que le premier film.
Les premières minutes nous montrent à quel point la qualité de l'animation a évoluée depuis 2004. Si on le savait déjà après avoir vu par exemple Coco (qui est sublime), c'est encore plus frappant lorsqu'on s'attaque à des personnages que l'on connaît déjà. Donc déjà, premier bon point : c'est beau, agréable à regarder et ça offre un rendu assez réaliste.
Pour le scénario, à première vue c'est commun : des gentils qui doivent faire leur preuve --> un méchant qui veut les détruire --> les gentils font leur preuve. Mais bien sûr, ça c'est ce qu'on se dit seulement si l'on lit un résumé en deux lignes sur internet. Si le scénario n'est pas des plus originaux, ce qui est important c'est la manière dont sont traités les personnages.
Cette fois-ci, Elastigirl se retrouve sur le devant de la scène, amenant donc une réflexion autour du rôle de la femme dans les films d'action et plus particulièrement dans les films de super-héros. Certes, c'est une réflexion facile, mais il s'agit d'un film pour enfants, et je ne trouve ça pas plus mal que ces derniers puissent voir des filles dans des rôles autres que ceux de princesses. D'ailleurs, un autre des personnages principaux du film est Evelyn Deavor, une créatrice brillante qui vit dans l'ombre de son frère Winston. Si Winston lance l'intrigue du film en proposant aux super-héros de s'allier à eux pour reconquérir leur statut, on se rend vite compte qu'il est bien moins intéressant qu'Evelyn, certes moins puissante et médiatisée, mais beaucoup plus active et réfléchie.
Pendant qu'Elastigirl se lance à la poursuite du super-méchant, l'Hypnotiseur (bien plus charismatique que le Démolisseur des premières minutes du film), Mr Indestructible se retrouve obligé de s'occuper de ses enfants. L'homme maladroit persuadé qu'il sera assez doué pour gérer parfaitement des enfants, on connaît. Ca a déjà été fait mille fois. Mais ça fonctionne vraiment bien avec le personnage de Mr Indestructible, terriblement prétentieux et pas du tout conscient des réalités qu'affronte ordinairement sa femme. Et puis en plus, à super-héros, super-problèmes : si la plupart des parents doivent gérer les devoirs, les histoires de coeur et les couches selon les âges, les super-héros doivent quant à eux gérer l'effacement de la mémoire des petits copains, et l'apparition de multiples pouvoirs chez le nourrisson. En bref, c'est déjà compliqué d'être papa mais encore plus quand on est un super-héros.
Enfin, dernier point positif : les dialogues. Je les trouve très intéressants, assez subtils, et si j'ai été autant amusé que surpris de la petite pique lancée aux politiciens ("ils ont du mal à comprendre que des gens puissent agir uniquement pour le bien des autres"), j'ai surtout été sidéré de la qualité d'écriture du discours de l'Hypnotiseur. Une réflexion aussi poussée, pertinente et cynique dans un film pour enfants, fallait oser. Bon certes, justement puisqu'on est dans un film pour enfant, on oublie vite la scène une fois qu'elle est passée, mais elle mérite à mon sens réflexion.
Un excellent moment donc. Toutefois, je peux m'accorder à la réflexion de mon accompagnatrice : pour un film autour de la famille, on manque de moments d'émotions. Les indestructibles 2 est un film qui réfléchit, et non pas qui se ressent. Mais c'est de la balle.

Créée

le 9 sept. 2018

Critique lue 130 fois

Heobar

Écrit par

Critique lue 130 fois

D'autres avis sur Les Indestructibles 2

Les Indestructibles 2
Behind_the_Mask
9

Les génies de la lampe

On ne dirait pas que l'on a attendu quelques quatorze années avant de revoir les Indestructibles. Vous vous souvenez du Démolisseur qui s'invitait dans les ultimes secondes de l'opus original ? Les...

le 30 juin 2018

66 j'aime

3

Les Indestructibles 2
Gerard-Rocher
8

Critique de Les Indestructibles 2 par Gérard Rocher

Le temps paraît bien court à la famille Indestructible car les interventions de super-héros sont loin d'être mises à l'index. La situation se tend à nouveau après un récent passé mouvementé. En effet...

le 14 août 2018

55 j'aime

21

Les Indestructibles 2
Vincent-Ruozzi
7

Family Affair

Les premières minutes du film Les Indestructibles 2 font prendre conscience de l'évolution de la qualité de l'animation en 14 ans, notamment pour la texture et les couleurs des personnages et décors...

le 6 juil. 2018

52 j'aime

8

Du même critique

Le Samouraï
Heobar
8

Critique de Le Samouraï par Heobar

Petit bijou néo-noir, la réalisation de Melville tout en douceur fait de ce film une sacrée leçon de cinéma. Notre protagoniste mutique incarné par un Alain Delon aussi froid et charismatique qu'une...

le 15 janv. 2020

9 j'aime

7

Drive My Car
Heobar
10

Drive My Car est un film interminable

Non pas que l'on attende avec impatience qu'il se termine, car au contraire ses 3h enveloppent le spectateur dans un songe mélancolique bouleversant dont l'on rêverait qu'il puisse s'étendre encore...

le 6 oct. 2021

7 j'aime

7

Tess
Heobar
10

Le paradoxe Polanski

Tess fait partie de ces rares films qui auront réussi à me laisser un goût amer en bouche. Ces quelques films dont on sait où ils vont sans en avoir lu l'histoire, où l'on passe une partie du film à...

le 23 sept. 2020

7 j'aime