"Renegades" est un western étrange fait en 1946 par Georges Sherman, le grand spécialiste du western de série B.
Etrange car il est bâti sur un scénario plutôt ambitieux et en technicolor ce qui était plutôt rare à l'époque mais avec un casting d'acteurs peu connus.
Quand on veut essayer de résumer le film, on se rend compte que finalement le personnage principal est une femme autour de qui gravite l'intrigue.
Hannah (Evelyne Kayes) est fiancée au médecin du village qui grâce à ses talents est souvent appelé à la rescousse pour soigner les malades mais aussi pour régler les conflits et donc est peu présent et ne cesse de retarder la date de son mariage.
Sur un autre plan, la bande de Kirk Dembrow (Edgar Buchanan) écume la région par ses hold-up avec un fils Ben (Larry Parks) qui aimerait bien changer de vie. Hannah tombe amoureuse de Ben et le suit dans sa vie aventureuse et tombe enceinte. Pendant ce temps, le médecin admet sa défaite et la perte d'Hannah.
Ainsi sont posées les bases du scénario à partir desquelles l'histoire va se dérouler.
C'est donc une histoire de famille avec des accents de tragédie.
Lors de la première apparition du patriarche pendant l'attente avant l'attaque d'une diligence, le chef de gang Kirk Dembrow, avec des allures de patriarche, lit la Bible et se compare à la situation du roi David avec un de ses fils, Absalom, qui était passé à l'ennemi. Dès le départ, le gang familial est marqué par le destin entre son fils Ben et son épouse, malade de peur pour cette vie sans avenir, qui va mourir. Peu à peu l'étau se resserre autour du gang.
C'est le destin qui fait que Hannah délaisse son fiancé (qui est toujours occupé par monts et par vaux), le médecin, pour courir l'aventure avec Ben Dembrow. Mauvaise pioche.
De l'autre côté, le père de Hannah renie sa fille qui a osé transgresser une loi non écrite en partant vivre avec les bandits. Le village finit aussi par ignorer le médecin, trop complaisant, à leurs yeux, vis-à-vis du gang.
Le film commence pourtant de façon idyllique avec les villageois joyeux dans le cabinet du médecin, avec le médecin bienveillant qui force la dose d'alcool en douce pour certains sirops, avec les patients, heureux, qui entament une danse avec le musicien dont les mains sont guéries.
Puis arrive les Dembrow haïs et la façade se fissure. Le drame se met tranquillement en place.
Plusieurs scènes sont très soignées et très belles.
- Le convoi funéraire de la mère Dembrow n'est suivi que par le médecin et est filmé de la prison où croupit Ben, le fils Dembrow (celui qui partira avec Hannah), qui ne peut y assister.
- La scène finale avec le duel qui résoudra, enfin, tous les problèmes est superbement préparée et réalisée avec la musique ad hoc. C'est encore le destin qui va décider de la conclusion.
Un western sans prétention, certes, dans une histoire intéressante avec un casting qui se défend plutôt bien, dans des paysages bien rendus par le technicolor et avec un charme certain qu'on regarde avec plaisir.