A sa sortie, ce film fût une grande déception. Pire, nous pouvons considérer qu'il a carrément reçu un très mauvais accueil. Peut-être était-ce - avec le recul - parce que Jean Dujardin dit "Loulou", mais aussi Hubert Bonisseur de La Bath mais surtout l'acteur français qui allait prendre une stature internationale après le succès triomphant de The Artist, qui lui vaudra l'Oscar du meilleur acteur. Et bon dieu que la France était fière. A ses côtés, Gilles Lellouche, un habitué des comédies dramatiques "à la française", principalement remarqué à cette époque dans "Ne le dis à personne" ou "Les Petits Mouchoirs". Autour de ce binôme, des copains du métier comme Canet, Lamy, Hazanavicius... Bref, que du bankable, que des visages grands publics, et suffisamment de promotion pour comptabiliser 2.300.000 entrées. Peut-être était-il là, le hic.
Les Infidèles a bénéficié d'une promotion assez conséquente, non seulement au même titre des comédies dramatiques en vogue dans les années 2000-2010, mais qui s'est accrue parce que Dujardin était notre nouvel étendard à l'international, celui à qui les chroniqueurs de l'audiovisuel proprets auquel on se référait pour la prochaine sortie parlait de sa filmographie, de ses succès et de sa carrière à venir.
Sauf que l'oeuvre était bien loin des conventions, rien que par son format. On pensait se retrouver face à "L'histoire de mecs infidèles qui en subissent les conséquences" pendant 1h40, genre la bonne comédie sur l'infidélité. Aïe, un film à sketch, audacieux par son découpage en neuf sketchs réalisés plus ou moins en collaboration par sept personnes différentes. Ça, c'est déjà quelque chose, mais dans le traitement du sujet, ils nous avaient pas prévenus qu'il fallait amener la réflexion et surtout un bon gros second degré !
En 2012, il y a eu rejet pour ce film. Les chefs d'accusations étaient alors : incohérence, inégalité, et surtout image dégradante de la femme. Oui, il y avait un soupçon de subtilité, mais il faut bien admettre qu'avec cinq crayons pour une quinzaine de personne - en comptant ceux qui étaient au scénario - ce n'est pas forcément évident de transmettre plusieurs réflexions sur un sujet traité depuis a minima Mme de Bovary : la monogamie à long terme, c'est difficilement gérable.
Condensé en une heure et quarante minutes, l'écran se couvre d'un pot-pourri de différents points de vue sur les Infidèles, jonglant avec second degré, absurde, humour noir, vraisemblance et détachement. Certains sketchs sont remarquables (La Bonne Conscience, La Question), d'autres sont efficaces en tant que tels (Simon et Bernard pour les amateurs d'humour noir, Les Infidèles Ananoymes) tandis que le Prologue, Lolita et Las Vegas, constituent des bouts de scénarios bons et mauvais.
Reste une grande interrogation : le public s'est-il trompé de film ou le film s'est-il trompé de public ?
La conclusion de cette critique sera une synthèse scolaire : Ensemble très inégal mais culotté. L'éternel problème du travail en groupe...