La réalisation d'Anne Fontaine est très scolaire. Elle commence par nous expliquer au travers des dialogues la situation de la Pologne en 1945. Ce n'est sans doute pas inutile aujourd'hui, c'est pourquoi, je me permets de préciser:
En 1939, la Pologne est partagée entre l'URSS et l'Allemagne par le pacte germano-soviétique. Après des massacres de polonais (Katyń: 22000 exécutions au moins) lors de la conquête par les occupants, elle va subir quatre années d'occupation barbare. Lors des massacres de juifs par les allemands, les polonais ne vont pas se montrer très solidaires des juifs, c'est le moins qu'on puisse dire. En Janvier 1945, l'URSS "libère" la Pologne. C'est le début d'une nouvelle période d'exactions barbares. Les soudards soviétiques se montrent pires que les boches. Ils pillent, violent, tuent et déportent massivement.
Au milieu, un hôpital militaire français sous mandat de la croix rouge termine sa mission.
Le film d'Anne Fontaine est délicatement militant. Entre la barbarie soviétique et l'obscurantisme médiéval des soeurs, apparait l'espoir d'un renouveau socialiste en la personne d'une jeune infirmière française de culture communiste, Mathilde.
On peut comprendre que les religieuses fassent des bêtises devant la peur du scandale dans un pays très religieux. Pour Anne Fontaine, les innocentes sont coupables, pour leurs décisions ou leur acceptation. Elles font passer la règle (de l'ordre) avant les dix commandements. Nous sommes en 1945, peut-être au fin fond de la Pologne, mais quand même...
Je doute.
Heureusement, sainte Mathilde de l'avenir radieux, à mi-chemin du messie socialiste et du couteau suisse va faire bénéficier les religieuses de son pragmatisme et de son humanisme (c'est le terme dialectique consacré).
Sur les cendres de l'empire soviétique, Anne Fontaine nous montre la voie du renouveau de la foi socialiste fortement ébranlée depuis la chute du mur et les révélations des horreurs commises en son nom (on les connaissait avant, mais certains pouvaient encore se boucher les yeux).
Il est touchant de voir qu'alors que l'avenir de l'humanité se joue aujourd'hui sur d'autres fronts, certains restent mobilisés par des combats obsolètes.
Il n'empêche que si la réalisation est trop scolaire, qu'elle ne met pas suffisamment l'accent sur les moments les plus dramatiques et fait trop d'ellipses, que le montage est défaillant, l'histoire est très forte et mériterait d'être reprise avec plus de moyens et moins d'idéologie sous-jacente.