Intense activité
La maladie dont souffre le personnage principal de Les Intranquilles n'est nommée qu'à une seule reprise dans le film de Joachim Lafosse et n'explique qu'en partie l'intense activité dont il fait...
le 19 juil. 2021
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Quand on aborde le thème de la maladie mentale qui est éminemment propice au langage du cinéma on peut tenter de faire vivre l’expérience, en se mettant à la place du malade comme a tenté de le faire de façon assez bancale Florian Zeller plus tôt cette année dans The Father ou bien remettre le spectateur à sa place en témoin d’une maladie qui parasite un ordre familial, c’est la deuxième solution qui sera choisie pour ce film.
Joachim Lafosse va prendre le chemin d’une réalisation intimiste, la caméra est posée à une petite distance de ce chaos ambulant rythmé par les excursions mouvementés du père Damien joué par Damien Bonnard au grand dam de sa compagne Leïla joué par Leïla Bekhti ( vous l’aurez compris le réalisateur veut donner l’illusion que la vie de ses personnages n’est pas si éloignés de celle des interprètes ) sans oublier Amine, le fils au milieu de ce tourbillon joué par le néophyte Gabriel Merz Chammah.
Le film commence par mettre en scène le calme, celui de cette mer de tranquillité, non pas celle de notre proche satellite mais bien un paysage méditerranéen, on ne s’éloigne tout de même pas si loin de la lune, celle du Moonlight de Barry Jenkins auquel ce film emprunte une scène filmée à la surface de l’eau, cette séquence sera suivie d’une balade en bateau qui va nous laisser miroiter ce qui sera la continuité du film, le père emmène son fils sur un bateau quand tout à coup il lui prend l’envie de le quitter, une envie insoutenable de liberté qui ne va jamais le quitter et c’est donc au fils, seul commandant de son périple de rallier le bord par ses propres moyens pour rejoindre sa mère restée sur la terre ferme, et c’est ingénieux à quel point dans cette scène on comprends l’ambivalence de sa situation, il est l’élément qui joint les deux êtres, voyageant entre les expéditions hors-sol paternelles et le réalisme terrien maternel.
La suite va donner raison à ce constat, et même si par une magnifique scène de danse transpirant la sensualité les deux êtres vont se mélanger ce ne sera là que la seule scène d’osmose relationnelle, le reste du film sera sans répit pour Leïla qui va tenter par tous les moyens de canaliser Damien, électron libre intenable, survitaminé et obnubilé par l’art, qui va troubler le rythme même du récit alternant des scènes de jour et de nuit sans jamais que le père ne soit fatigué, mais contrairement à nous Leïla sait bien que cela a une fin, car si nous en tant que spectateur vivons cette expérience à 200 à l’heure sans savoir où l’on va, elle le sait très bien, elle l’a déjà vécu et c’est une même boucle qui se répète sans cesse, alternance entre sur régime et réparation hospitalière, comme le vélo de Damien, elle le répare lui, sans cesse.
Alors qu’à chaque fois on pense avoir fait le tour du sujet de la maladie, on y revient sans cesse, mais cette fois avec une réalisation intimiste géniale, qui n’étouffe pour autant pas les deux grands acteurs, cette famille brisée pourrait sans doute exister et ce n’est pas cette fin irrésolue à la sortie de l’eau (encore une fois) qui nous la fera oublier.
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le 11 oct. 2021
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