Je suis parti, tout d'abord, très sceptique, incité par le nom du film tout d'abord et par les critiques lues ici et là ensuite.
On prend le temps de le regarder, et, il faut bien l'admettre, l'intérêt est quand même pas mal stimulé, au départ. Les choses se mettent en place, doucement, puis arrive l'attentat du 11 septembre, me rendant dubitatif.
De ce qui est amené au départ, nous aurions pu penser à, effectivement, l'histoire d'un passé révolu laissant la place à un autre futur. S'emparer du présent et exprimer avec des images une transition vers "quelque chose d'autre" est un joli exercice mental ici tenté par Denys Arcand, peu importe ce que l'on en dit et en pense.
Mais si la tentative reste belle, la fin d'un monde (la mort de Rémi) reste obscure.
Le monde des frivolités et des -ismes serait mort, un monde matérialiste et artificiel serait en train de naître ? Oui, peut-être, mais ce n'est, de ma part, que de la simple spéculation, le problème étant que les éléments apportés ne racontent rien d'autre que l'histoire d'un mourant souffrant de nostalgie.
Alors c'est touchant sur certains aspects et cela m'a même fait sourire (fichtre ! Vous n'avez rien lu !), mais nous sommes loin de l'ambition (Question: Etait-il réellement dans ses intentions de faire une telle chose ? Au vu du titre, je dirais que oui) affichée par le réalisateur.
Il arrive à tenir son spectateur (à condition qu'il fasse un petit effort) et ce, malgré une réalisation manquant grandement de reliefs, la plupart des plans étant des plans rapprochés , le réalisateur ne se servant pas de l'espace autour de lui.
Ce manque d'ampleur dans la réalisation expliquant peut-être le manque d'imagination dans la façon de traduire ces profonds changements, de ceux qui expriment un "c'était mieux avant !", avec une véritable confrontation entre, grossièrement, la société de partage "d'avant" et celle, nouvelle, "d'après" possiblement incarnée par le fils trader qui achète tout avec son fric. Il est en effet regrettable que le réalisateur, pour ses "chocs", utilise l'héroïne (la drogue, hein), mais aussi et surtout les images des attentats du World Trade Center. Bref, le réalisateur manque de subtilité pour marquer le "changement d'époque".
Et d'ailleurs, j'oserai dire qu'il a abandonné ses intentions, se contentant de raconter la nostalgie d'un homme regrettant ses choix et une partie de son comportement passé blablabla sur la fin, soit par manque de créativité (pourquoi pas, le défi est assez intéressant et, sincèrement, pas évident à relever), soit par frilosité, le réalisateur ne voulant pas aller plus loin - je pencherai vers cette hypothèse au vu de ce qui se dit sur "Le Déclin De L'Empire".
Qu'un homme meurt et que sa mort marque la fin d'une époque laissant la place à une autre (peu importe, d'ailleurs, ce que l'on pense de cette nouvelle ère), ce sont des enjeux qui sont à mettre à nu et auxquels il faut se confronter pour comprendre le présent.
Mais c'est à se moment là, en fait, quand nous nous rendons compte qu'il a abandonné ses prétentions que nous pouvons gentiment somnoler en attendant que les amis du mourant finissent de remuer les souvenirs du passé, pour passer à autre chose.