Les Jeunes années d'une reine par pierrick_D_

1837.La jeune Victoria,18 ans,accède au trône d'Angleterre à la mort de son oncle Guillaume IV.Absolument pas préparée à cette charge,elle devient pourtant vite une reine avisée,aidée en cela par le premier ministre Lord Melbourne et par sa gouvernante la baronne Lehzen.La plaisanterie durera jusqu'à sa mort en 1901,soit 64 ans de règne.Tel quel,ce film ressemble à une répétition générale de "Sissi",que le réalisateur-scénariste Ernst Marischka fera en 55 avec la même jeune vedette,une certaine Romy Schneider qui aura une belle carrière par la suite.Avant "Sissi",ils collaboreront à nouveau sur "Mam'Zelle Cri-Cri",intercalé entre les deux oeuvres.Le cinéaste autrichien est entouré de son équipe habituelle,la même qui officiera sur la trilogie "Sissi",avec le producteur Karl Ehrlich,le musicien Anton Profes,l'opérateur Bruno Mondi,toujours fidèle à l'Agfacolor,le décorateur Fritz Juptner-Jonstorff et la costumière Gerdago,de son vrai nom Gerda Gottstein.Manifestement fasciné par les intrigues des cours royales européennes où tout le monde est cousin et par les histoires d'amour à l'eau de rose,Marischka s'intéresse ici au cas de la reine Victoria,dont il fait curieusement une jeune femme mutine,espiègle et spontanée,peu raccord avec la sinistre réputation de celle qui a donné son nom à la peu engageante ère victorienne.Il est vrai que,comme l'indique le titre,il n'est question ici que de la prime jeunesse du personnage et de ses débuts de souveraine.On ne trouve guère ici la spontanéité qui prévaudra dans les "Sissi" et on sent que la machine n'est pas au point.C'est empesé,mal joué à part par Romy,historiquement survolé et complètement idiot.On apprend cependant au passage que Victoria n'était à sa naissance qu'en cinquième position pour la succession au trône et qu'elle a "bénéficié" d'une incroyable hécatombe qui a vu mourir son père et les trois frères de celui-ci.Le personnage est présenté de manière ultra positive,probablement pour mettre en valeur miss Schneider,charmante et très à l'aise en fille naïve mais qui apprend vite.Imperméable aux mauvaises influences de son oncle,de sa mère et de l'amant de celle-ci,le visqueux Conroy,elle prend toutes les bonnes décisions et devient la coqueluche du peuple grâce à sa fibre socialo.Toute cette niaiserie hagiographique sera heureusement interrompue de façon provisoire au profit d'une longue séquence dans une auberge de Douvres où se croisent Victoria et son futur mari Albert,prince de Saxe-Cobourg,ce qui donne lieu à quelques scènes amusantes.On peut noter que ce mode narratif sera réutilisé par Marischka dans ses films suivants puisque les rencontres inopinées et les protagonistes ignorant l'identité de ceux qu'ils sont appelés à fréquenter ultérieurement seront revus dans les "Sissi".C'est un humour bon enfant qui ne va pas très loin mais ça relance l'intérêt d'un récit généralement assez morne.Romy est resplendissante et porte le film tandis que le jeune premier Adrian Hoven est plus viril et énergique que ne le sera le pâle Karl-Heinz Böhm.La distribution est totalement différente de celle des "Sissi" puisqu'outre Romy il n'y a ici que Magda Schneider,la mère de l'héroïne dans la vraie vie et dans la trilogie,qui est en l'occurrence la gouvernante et conseillère de Victoria,et Hilde Wagener.