Conte macabre déroutant, Les lèvres rouges est une belle réussite, à la fois dans sa manière d’aborder avec intelligence le thème du vampirisme mais aussi pour sa plastique soignée. Du pourpre caractérisant son titre, Harry Kumel tire des ambiances graphiques marquées par un certain paradoxe : à la sérénité qu’elles inspirent s’oppose une violence silencieuse, preuve que la mort peut être l’œuvre d’une main légère.


Une sensibilité qui trouve sa puissance dans la finesse, y compris lorsqu’il est question de dresser le portrait d’une prédatrice curieusement attirante. Qui ne se laisserait pas prendre dans les filets de la splendide Delphine Seyrig et sa sensualité à fleur de peau. A l’aide d’un érotisme sage, Harry Kumel fait de sa manipulatrice distinguée un personnage, certes effrayant, mais avant tout fascinant : la condition sine qua non à l’acceptation d’un script qui se contente d’aller à l’essentiel, à savoir l’établissement d’un plan funeste pour en illustrer le passage à l’acte. Et ça fonctionne plutôt bien, les lèvres rouges se tient, si l’on excepte quelques passages un peu cavaliers — l’accident dans la salle de bain notamment — et ses 5 dernières minutes, parfaitement manquées, parce qu’en contradiction totale avec l’heure et demie qui vient de s’écouler.


La comtesse est bien trop maline pour mourir ainsi, la fin logique aurait été un plan sur la bagnole qui s’éteint dans le noir.


Outre cette faiblesse et un casting hétérogène — Delphine Seyrig prend toute la place, les deux tourtereaux qu’elle malmène ont bien du mal à lui donner le change—, Les lèvres rouges brille par sa ligne de conduite inflexible. Harry Kumel illustre le mythe du vampire en faisant référence à un personnage historique particulièrement passionnant. Élisabeth Báthory, la dame sanglante de Csejte nourrit en effet la plus folle des légendes : pour conserver sa jeunesse, cette milady respectable aurait zigouillé des centaines de jeunes filles pour se repaître de leur sang, brrrrr. Une anecdote qui fait frissonner à sa simple évocation, un point de départ parfait pour ce genre de petit thriller baroque teinté de fantastique.


En bref, un petit film qui a su me cueillir et qui mérite assurément qu’on s’y attarde. Pour peu, bien sur, qu’on aime ce genre de productions un peu fauchées. Il faut en effet nourrir un intérêt certain pour le genre si l’on espère y trouver son compte. Dans le cas inverse, le temps risque de sembler bien long.


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oso
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le 11 juil. 2016

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oso

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