C'est peu de le dire... si Dracula se définit comme un non-mort, ni tout à fait mort, ni tout à fait vivant, Les Lèvres rouges est lui une sorte de cadavre de film ambulant.
On ne va pas faire au film le procès de sa bande-son ou de sa photographie (cette dernière n'est pas si mal, d'ailleurs), il faut replacer cela dans le contexte de l'époque. Mais pour ce qui est du reste, il est difficile de trouver des excuses au film.
Usant et abusant de zooms inutiles et sales (on oublie la mise au point), la réalisation est confondante de maladresses, et dès qu'il s'agit de filmer une péripétie, comme la malheureuse scène de la salle de bain ou l'improbable scène du trou dans le sable, Harry Kümel réussit le tour de force involontaire de susciter l'effroi (vis-à-vis de sa mise en scène) plus que le rire chez le spectateur incrédule.
Les acteurs quant à eux sont particulièrement mauvais, sonnent invariablement faux, et sont entraînés jusque dans la tombe par des dialogues ineptes et des situations absurdes.
Mention spéciale à Danielle Ouimet dans le rôle de Valérie. Rarement a-t-on vu actrice aussi inexpressive, aussi peu engageante... et au jeu aussi pauvre. Le problème est que son personnage devrait être celui qui suscite l'empathie du spectateur. Peine perdue.
Mais Delphine Seyrig n'arrive pas plus à se hisser à la hauteur de son personnage, la Comtesse Elizabeth Bathory, dont on se demande vraiment ce qu'elle vient faire à Ostende, sinon permettre au réalisateur de tourner à peu de frais.
Le récent Byzantium, de Neil Jordan, qui partage quelques points communs avec ce film, n'a pas eu la prétention de revisiter un tel personnage légendaire, mais permet pourtant à ses protagonistes de s'élever bien au-dessus de ces Daughters of Darkness.
Enfin, l'histoire semble au mieux vaine, au pire sans queue ni tête, certains arcs narratifs étant totalement laissés de côté... mais pouvait-on attendre autre chose d'un film de vampire se déroulant à Ostende ? Ostende... dont l'hôtel des Thermes est peut-être le seul élément du film auquel le réalisateur parvient à donner de l'intérêt (avec la mignonne Andrea Rau tout de même...).