On prétend qu’initialement Vadim n’était pas très chaud à l’idée de partir du roman Les liaisons dangereuses. En analysant le film on peut comprendre pourquoi. Lorsque l’on s’attaque à une œuvre et des personnages aussi monumentaux faisant partie de l’imaginaire collectif, il est difficile d’éviter de tomber dans la représentation de ce qui est déjà établi. Alors qu’un scénario original permet de construire librement sans le poids d’être à la hauteur de ce qui est attendu. Les personnages interprétés par Jeanne Moreau et Gérard Philippe demeurent trop souvent en silhouette. Leurs traits de caractères sont peu nuancés et leur construction psychologique sans réelle progression. Pour ce qui est des comédiennes qui interprètent les deux victimes du tombeur, elle sont à l’image des personnages féminins de Vadim : menues aux lèvres pulpeuses, ingénues pour ne pas dire gourdes. Même les seconds rôles ont tous le même look au point de les confondre les unes des autres. Cela donne un résultat qui se rapproche davantage du boulevard dramatique que de la tragédie. Certains louent le cinéma de Vadim pour son audace à ébranler les tabous. Son historique matrimonial nous amène à se questionner sur ses véritables intentions cinématographiques : voulait-il brasser les mœurs d’une société faussement vertueuse ou réaliser ses propres fantasmes en pointant son objectif sur ses muses sensuelles au talent limité ?