À ériger au Panthéon du Cinéma avec un grand C

Je ne suis guère fan des comédies romantiques Netflix habituellement, mais je dois dire que ces liaisons dangereuses révèlent chez moi de profondes contradictions.

Dès l’ouverture du film la cause est entendue, contemporaniser le mythe de Choderlos de Laclos: lui donner un caractère intemporel, éternel. La réussite est totale, et la réécriture surpasse la légende.

La transposition des personnages du roman sur les élèves d’un lycée biarrot relève d’un pur coup de génie de la part de la réalisatrice. On a la description précise du fonctionnement d’une société de classes à petite échelle, une étude quasi-sociologique d’adolescents propulsés dans une vie d’adulte imposée, couplé à cela un exposé orwellien sur les dérives des nouvelles technologies et réseaux sociaux et on obtient un film grandiose. On rit, on est ému, on a peur, et surtout: on désire. La naissance du désir chez de jeunes adolescents voilà un des enjeux du film: en cela, l’oeuvre touche à tout ce qu’il y a de plus vrai au monde, elle ouvre une fenêtre quasi naturaliste sur la vie sexuelle des jeunes rappelant d’ailleurs les plus belles scènes d’À nos amours, de Maurice Pialat.

Bresson disait qu’un film était un simple alliage d’images et de sons… Et quelles images !!! Entre onirisme, volupté et grâce, on plonge dans ce film comme dans un rêve dont on ne veut jamais sortir. Une beauté incomparable, une post production merveilleuse, de l’audace… Messieurs, mesdames les réalisateurs.trices, voici la recette d’un excellent film.

La talentueuse Rachel Suissa a donner une place de choix à la musique tantôt intra, tantôt extradiégétique, la musique permet d’ajouter une valeur dramatique à ce chef d’oeuvre, ce n’est pas juste un film, C’EST UN OPÉRA !

Merci pour ce moment, je finirai en saluant la justesse du jeu d’acteur de chacun avec un clin d’œil particulier pour Nicolas Berno; symbole dans ce film du quarantenaire partagé entre ses responsabilités adultes redoutées, et sa jeunesse lointaine mais désirée; merci pour cette maestria technique. De golden moustache aux liaisons dangereuses, cet homme est un exemple d’abnégation ! Merci pour ça…

Chers amis cinéphiles, il vous est désormais impératif de voir ce film, pour la postérité de cet art. Comme l'écrit Victor Hugo dans le Dernier jour d'un condamné: "une révolution venait de se faire en moi"; aujourd'hui je le comprends.