Après avoir découvert « seules les bêtes » un peu en retard, j’étais plus qu’impatient de voir la nouvelle proposition de Dominik Moll. J’ai vite déchanté !
La nuit du 12 n’est pas un mauvais film, c’est une certitude, dire qu’il est bon en revanche, je ne suis pas d’accord.
Annoncé l’état final de l’enquête c’est courageux, ça permet de désarçonner le spectateur et de le détourner de ses intérêts futiles qu'il se crée pendant les films d'enquêtes ( son envie minable de dire qu’il avait trouvé le coupable dès le début parce que bon il ferait un trop bon détective par exemple). Ça permet surtout d’annoncer la couleur du film, son sujet n’est pas l’enquête en elle même mais la psychologie des policiers face à une telle affaire, leur rapport intime, passionnel voir fusionnel avec les faits (montrer comment ils vivent l'enquête qui s'immiscent peu à peu dans leur vie !). Ça c’est fort je le reconnais. Ce rapport Moll l’exploite très bien tout au long du film et nous offre grâce à ça des scènes superbes (celles du vélo notamment). De même le traitement de la vie d’un commissariat de montagne est intéressant d'autant qu'il est rarement abordé, ajouté à cela l’environnement de la vallée qui transcrit l'emprisonnement des flics dans cette affaire et qui donne au film sa verticalité (car oui il est vertical je trouve !). Bref que de points positifs !
L’inconstance reste malheureusement le principal défaut de La nuit du 12, certaines scènes, certaines lumières et surtout certaines dialogues nous font parfois basculer dans la catégorie du mauvais feuilleton ou téléfilm, celui que pourrait regarder mon grand père en Ehpad assomé de cachets. Le procédé de Moll était intéressant, le point de vue novateur qu’il adopte aurait pu rendre grand ce film, si sa maladresse ne l’obligeait pas à nous expliquer ses choix à travers tous les putains de dialogues. On est pas des idiot, on peut comprendre seul le message du film (qui est interessant !), alors ferme ta gueule ! Le dialogue dans la fourgonnette à la fin de l’oeuvre entre le capitaine et la nouvelle recrue typiquement est un symbole d'inutilité ! il est niais ! Il nous donne l’impression de contempler deux chouineurs, il est juste imbécile ! Un long silence en aurait dit cent fois plus, il aurait rendu la scène plus douce, plus mélancolique, on aurait vu les visages de la police laisser transparaitre leurs possibles espoirs ou leurs profonde résignation face à une enquête dévorante et une institution aux abois. Mais non ils ouvrent leurs gueules et c’est chiant, j’ai pris cet exemple comme j’aurais pu en prendre une vingtaine. Pour ce qui est du côté plastique: quand certains plans affichent un réel travail de compostion du cadre et de lumière d'autres semblent tirés d'une série France 3, fin de commentaire.
On peut croire que c'est peu face aux qualités du film et ce serait pas faux, c'est pourquoi je lui mets la moyenne, mais c'est aussi la raison qui fait qu'il ne peut aller plus haut que 5. C'est un pas mauvais film oubliable à la derniere scène prévisible (oui elle l'est).