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Cet hôpital n'aurait jamais réussi la certification HAS !

Lorsque j'ai vu sur le résumé Netflix que l'histoire se déroulait dans un hôpital psychiatrique, j'ai su que je devais voir ce film. Travaillant moi-même dans le milieu de la santé mentale et actuellement à l'hôpital, j'avoue avoir une certaine curiosité morbide pour ce sous-genre cinématographique régulièrement produit au cinéma ou sur les plate-formes de streaming ; malheureusement "Los Renciglos Torcidos de Dios", réalisé par Oriol Paulo, reste dans la lignée des précédentes productions.


Contrairement à l'auteur du livre dont il s'inspire, Torcuato Luca de Tena, qui a passé 18 jours dans un "sanatorio" dans les années 70 pour écrire son roman, et qui saluait le dévouement des soignants, les scénaristes de cette adaptation n'ont aucune idée de l'univers qu'ils sont censés représenter.


Pour commencer, ils substituent au synopsis original, une histoire policière capillotractée et calculée pour réserver un retournement de situation toutes les 15 minutes. Ce procédé est tellement usé que cela en devient lassant à la longue.


Mettre au centre de l'intrigue la résolution d'un crime permet également de reléguer en périphérie des sujets plus pertinents et inexplorés qui auraient pu être : l'enfermement abusif sous l'ère franquiste, la relégation des handicapés mentaux à l'écart de la société, la souffrance psychique des gens affectés de troubles mentaux.


Comme tous les étrons filmiques de sa catégorie, le long-métrage espagnol se vautre également dans les poncifs les plus faux concernant les soins psychiques. Cinquante ans après "Vol au-dessus d'un nid de coucou", on n'échappe pas à la représentation d'une séance d'electroconvulsivotherapie sans anesthésie ni curarisation. Ce film entretient l'idée fausse que les psychiatres prescrivent ce soin sans indication médicale et uniquement pour punir leur patient. De même, on représente la "cage" comme un lieu de punition alors que le sanatorio est pour la plupart un lieu de vie et non d'incarcération.


Enfin, je suis resté circonspect devant la dernière scène. En effet, alors que la protagoniste semble être en pleine conscience de ses actions, personne ne vient lui reprocher d'avoir volontairement incendie le lieu de vie des résidents du sanatorio, assommé et pris la place du médecin légiste, et cela sans que cela fasse sourciller le commissaire ou la commission médicale. Bref une fin qui n'a ni queue ni tête.


Finalement, "Los Renciglos Torcidos de Dios" est une nouvelle occurrence du film d'asile psychiatrique, qui se présente comme un sous "Shutter Island" et entretient de fausses idées reçues sur le milieu qu'il est censé représenter.


Gwynplain
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le 28 janv. 2023

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