Quel cinéaste est capable de marier sensualité la plus torride et ... morbidité la plus explicite ? Réponse évidente, après avoir vu Les Linceuls, David Cronenberg, qui d'autre ? Une fois de plus, le voici à la tête d'une entreprise assez folle, très transgressive, cela va sans dire, puisqu'il y est question de voyeurisme d'après-mort, comme si le cinéaste canadien avait réalisé un long-métrage intitulé : "J'irai espionner dans ta tombe". Un sujet très personnel, puisque Cronenberg a perdu sa femme il y a quelques années qu'il transforme dans un thriller d'espionnage high-tech, qui n'est cependant que la partie immergée de l'iceberg. Beaucoup plus excitant est le caractère humaniste du film, sans parler de son aspect très ludique avec pas mal de passages marqués par un humour décapant. Ceux qui ne suivront que l'intrigue proprement dite rateront malheureusement tous ses à-côtés croquignolets. Ce manuel de décomposition est incarné par un Vincent Cassel que l'on n'avait pas vu aussi bon depuis longtemps, avec sa coiffure cronenbergienne, et surtout une Diane Kruger épique dans un double, non triple rôle, avec un tempérament à faire ressusciter les morts. Au fond, Les Linceuls, aussi illuminé soit-il, et sans doute trop foisonnant, n'est-il pas avant tout un hymne à la vie, à l'amour, au sexe et une antidote malicieuse à l'intelligence artificielle ?

Cinephile-doux
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le 25 mai 2024

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