Les lois de l'hospitalité, J.G. Blystone (1923)

Synopsis : Deux familles, dont les rejetons s'aiment, se haïssent mais les lois de l'hospitalité leur interdisent toute violence sur un invité. C'est ainsi que Willy s'incruste chez les Canfield, qui tentent de le chasser.


Le paradoxe est total dans ce film, et ce dès la première minute. Présenté comme une comédie burlesque, l'introduction nous plonge dans un mélodrame prenant, à la fois sombre et angoissant. Un contraste omniprésent entre la chaleur d'un foyer et l'orage extérieur, mettant en scène une rivalité historique entre deux clans dont l'issue se termine par un ex-aequo. La musique prend dès lors une place primordiale et donne l'atmosphère de la séquence. Et pourtant... Blystone (avec l'aide de Buster Keaton à la réalisation) désamorce totalement cette introduction par le biais de gags visuels qui nous font passer du coq à l'âne.


Certes l'humour visuel est la clé du cinéma de Keaton qui passe par toutes les phases : du comique de situation au spectacle rocambolesque. Et qui d'autre que lui peut incarner le personnage central de son histoire ? Au début de son apogée dans les longs-métrages (Les lois de l'hospitalité est le second de lui), on le reconnait facilement grâce à son personnage, de marbre, insouciant et naïf.
Véritable casse-cou, Keaton a lui-même réalisé toutes ses cascades ce qui prouve son ambition et son investissement pour ses films.


Mais le plus incroyable reste son jeu d'acteur. Il parvient, tout en restant neutre, à nous parvenir différentes émotions : le rire, forcément mais également de la crainte, de l'angoisse et du suspense dus à ses aventures tumultueuses.


Pour le reste du casting, les acteurs ont tendance à surjouer (surtout les Canfield) ce qui contraste justement avec le propos du film qui se veut violent et meurtrier. D'ailleurs, en y regardant de plus près, on s'aperçoit que beaucoup de proches de Keaton ont contribué à ce film (femme, fils et père) ce qui rend l'oeuvre encore plus personnelle et précieuse.


Côté technique, rien d'exaltant. Les réalisateurs sont restés très conventionnels dans leur façon de filmer préférant miser sur le contenu que le contenant. La variation de valeurs de plans rend le spectacle plus prenant et les quelques mouvements de caméras accompagnent légèrement les séquences plus "rapides" (notamment le train).


À la fois Shakespearien et grotesque, ce film s'inspire avant-tout d'une histoire vraie, datant de la guerre de Sécession dont les noms des protagonistes sont largement inspirés des noms réels.


En bref, ce film est une bonne amorce du cinéma keatonien, présentant à la fois la rêverie et la grandeur de son interprète.

HALLUciné
6
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le 21 janv. 2018

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