A birth of a nation - David W. Griffith, 1915.
Synopsis : La guerre de Sécession. Deux familles éprouvées : les Stoneman (favorables au Nord) et les Cameron (sudistes. Le retour de la paix ne calme pas les esprits. Lincoln est assasiné. Les troubles naissent des politiciens véreux et des Noirs livrés à eux-mêmes. Par réaction se crée le Ku Klux Klan justicier et vengeur.
Pas moins de sept ans après son premier essai, Griffith réalise pas moins de 500 courts-métrages, un échauffement qui lui permettra renommée et notoriété publique. C'est en 1915 qu'il décide de s'initier aux longs-métrages, fascinés par l'outil cinématographique et puisant ses sources en Italie, là où les films dépassaient déjà l'heure de visionnage. De plus, Griffith y découvre des nouvelles techniques de réalisation qu'il s'empressera d'insérer dans sa première super-production : tailles de plans, légers travellings, jeux d'optiques, fondus et surimpressions, etc.
Autre anecdote, l'utilisation des cartons, qui elle aussi était présente en Europe quelques années auparavant. Les cartons donnent du rythme au film et leur utilité est multi-fonctionnelle : description de l'action, ellipse scénaristique ou encore brides de dialogues. La musique accompagne l'entièreté du film et donne de l'émotion et des frissons.
C'est une fresque historique qui nous dépeint Griffith en mettant en exergue la guerre de Sécession, qui a divisé les U.S.A. quelques 50 ans auparavant. Fort touché de cette conséquence sans doute, Griffith tente de reproduire telle qu'elle cette confrontation entre le Nord et le Sud. Malgré cette envie, on ressent un parti pris qui suscite débat et polémique et qui a divisé l'Amérique jusqu'à la censure, qualifiant le film de film raciste. À y regarder de plus près, on remarque une certaine apologie du mal en glorifiant le KKK et en dénigrant les Noirs. Né dans le Kentucky et appartenant donc à un état sudiste, Griffith aurait donc pris ce parti-là pour raconter son histoire. Même si cela n'explique pas tout, d'autres éléments viennent compléter le tableau comme, à titre d'exemple, les acteurs principaux noirs sont des blancs maquillés de façon grotesque.
Il n'en est pas moins un film à voir, un chef d'oeuvre en son temps et un classique pour tout cinéphile. C'est le précurseur d'une longue série où Griffith a mis en place un code cinématographique propre que chaque réalisateur réutilisera.