Les Looney Tunes passent à l’action est un film hybride, mêlant animation et prises de vue réelle (à l’image de Qui veut la peau de Roger Rabbit), dans lequel les célèbres Looney Tunes sont plongés dans une nouvelle aventure, aux allures de film d’espionnage, sur la piste d’un mystérieux diamant du Singe Bleu.
Le mélange de l’animation et des prises de vue réelle est techniquement abouti. Le résultat est visuellement satisfaisant. L’animation est aussi un atout de la production. Les toons sont plus vivants que jamais, leurs mouvements sont fluides, le rendu est confortable.
Les personnalités des personnages sont mieux respectées que dans le film Space Jam, avec le retour des véritables caractéristiques de Bugs Bunny et Daffy Duck. C’est un plaisir de retrouver l’humour burlesque des Looney Tunes, même s’il ne s’inscrit ni dans la nouveauté ni dans la surprise. Le film joue la carte de la nostalgie avec l’emploi de running-gag largement employé dans les cartoons passés. L’action est amusante, le spectacle ne manque pas de rythme.
Quelques séquences se distinguent par leurs créativités et leurs ingéniosités, comme la visite d’un Musée du Louvre bourrée de clichés sur la France, mais pleine de référence. En effet, les célèbres tableaux des plus grands peintres sont visités par les toons, et le style de l'animation évolue au rythme du voyage. Le passage est très gratifiant et riche en détail. Il mérite à lui seul qu’on s’attarde sur cette production. On relèvera également de nombreuses références aux films passés du catalogue de Warner. Les plus grands cinéphiles devraient s'amuser.
Si le film déborde de bonnes idées et de bonnes intentions, le scénario, lui, dénote pour sa facilité. L’histoire, il est vrai, n’est pas très inspirée. Comme souvent avec les productions animées mettant en scène les Looney Tunes, il s’agit ici ni plus ni moins d’un prétexte pour dérouler une série de sketches, qui plus est, ne sont pas toujours inédits. La production recycle une fois de plus ce qui a déjà fonctionné par le passé, sans jamais faire preuve d’une véritable audace.
Tous les personnages humains du film déplorent une absence de définition. Ils sont vides et leurs personnalités n’ont aucune incidence sur l’action. En d’autres mots, ils se contentent d’agir sans nous donner l’impression de réfléchir. Les dialogues sont d’une pauvreté abyssale. Le film déplore une absence totale d’intensité, qu’elle soit dramatique ou émotionnelle. Il manque de cœur et surtout d’intention.
Le plaisir ressenti avec ce film est en dent de scie. Quelques séquences retiennent notre attention pour leurs ingéniosités, mais d’autres nous ennuient au plus haut point. La magie du spectacle perd en intensité au fil des minutes jusqu’à nous servir une fin insipide.
Le film est un échec au box-office lors de sa sortie, une énorme déception pour le studio qui souhaitait relancer la franchise des Looney Tunes. Si la sentence se comprend, elle n’en demeure pas moins injuste, surtout lorsqu’on compare ce film à d’autres productions passées, beaucoup moins abouties et divertissantes, et pourtant ayant trouvé son public (comme Space Jame, pour ne citer que lui). Le spectacle reste tout de même gratifiant, et il devrait grandement intéresser les enfants. Quant au bilan technique, il s’avère de manière objective hautement honorable.
En conclusion, le film est trop largement déconsidéré par le public, peut-être en raison d'un modèle (celui du film hybride) qui peine à se réinventer et un studio qui joue toujours avec les mêmes cartes.
www.cineanimation.fr