Big City Lights
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Charlie Chaplin, dans ses balbutiements, ne croyait pas en l’avenir du cinéma parlant. Ce n’est pas pour autant qu’il n’a pas expérimenté les films sonores comme ici Les Lumières de la ville, son premier. Sorti en 1931, on est encore au commencement de ce nouveau type de cinéma. Pour autant avec celui-ci il ne se détache pas complètement du muet puisqu’il n’y a pas de dialogue parlant, et donc y retrouve également des intertitres et une bande sonore (composée par Chaplin lui-même). En 1929, il déclare:
Le film parlant s’attaque aux traditions de la pantomime que nous
avons essayé d’établir avec tant de peine à l’écran, et sur quoi l’art
cinématographique doit être jugé.
Pour lui, le cinéma muet fait de gestes et de mimiques n’avait pas encore épuisé toutes ses ressources. Cependant, il change d’avis, adoptant finalement le parlant pour son film Le Dictateur en 1940.
Dans Les Lumières de la ville, Chaplin développe un comique basé sur le tragique: il arrive à faire rire le spectateur avec des sujets sensibles comme le suicide, notamment grâce à des gags de Charlot tombant dans l’eau alors qu’il tente de sauver l’homme suicidaire. En regardant le film, on oublie que l’histoire est avant tout dramatique, triste, mais surtout touchante. Charlot, un vagabond, se fait passer pour un homme riche auprès d’une jeune fleuriste aveugle. Il s’attache à elle et décide de réunir assez d’argent pour lui payer une opération afin qu’elle recouvre la vue. Pour cela, il va travailler, mais aussi, étant désespéré, essayer de gagner un combat de boxe. Cette scène, bien qu’encore une fois dramatique, devient drôle grâce au talent incomparable du réalisateur/acteur pour les gesticulations et cascades humoristiques.
Ce long-métrage témoigne aussi du perfectionnisme de Charlie Chaplin, qui a parfois fait, pour une scène seule (comme par exemple celle de la rencontre entre la fleuriste et Charlot) des centaines et des centaines de prises. Ce perfectionnisme a du bon puisque le film est devenu un classique intemporel et reste l’un des plus beaux qui existe, aussi bien au niveau de l’histoire et des thématiques abordées que du jeu et de la réalisation.
Mais ce qui est le plus réussi, et s’il ne devait rester qu’une scène à retenir de la filmographie du réalisateur; peut-être la scène la plus belle qu’il ait jamais réalisée: la fin. Cette fin magnifique, où l’émotion est à son apogée, qui fait sûrement verser quelques larmes au spectateur. Une scène qui restera à tout jamais dans les annales du cinéma.
evenons à la Bande Originale du film. Comme dit précédemment, elle a été composée par Chaplin. On ne parle pas beaucoup de son talent de compositeur, mais dans cette œuvre-ci elle accompagne parfaitement les scènes, en étant plus rapide lors des moments comiques, puis plus lente et touchante lors des moments dramatiques. Comme toujours elle est parfaite lors de LA scène déjà citée. Elle arrive à sublimer le jeu parfait des acteurs, avec Chaplin en tête, toujours dans son personnage du vagabond aux maintes grimaces et cascades burlesques. Virginia Cherrill, dont c’est presque l’unique rôle, est aussi très convaincante. Il faut savoir que le réalisateur a hésité à se séparer d’elle à cause de différends. Citons aussi Harry Myers, qui avec Charlie Chaplin forme un duo hilarant et touchant.
Cette œuvre est un classique incontournable et intemporel du cinéma, une œuvre tragi-comique sublime qu’il faut absolument découvrir ou revoir si on la connait déjà, et qui prouve encore une fois le talent certain de son réalisateur.
Critique initialement parue sur le site lemagducine.fr
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Créée
le 18 févr. 2019
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