C’est toujours difficile de parler d’un film que tout le monde connait, que presque tout le monde a vu, dire que c’est un chef d‘œuvre, un film incroyablement drôle et émouvant n’a finalement que peu d’intérêt. C’est au mieux une piqure de rappelle pour ceux qui l’auraient oubliés et pour les autres l’alignement de lieu commun deviendra vite rébarbatif.
Donc, que dire et comment le dire ? Essayer de sortir des sentiers battus pour ne pas s’ennuyer soi-même.
Déjà c’est un chef d’œuvre (flute, je m’étais juré de pas le dire). Bon je recommence, je l’ai revu pour la quatre ou cinquième fois dimanche dernier et c’est encore et toujours meilleur. Ce film qui était tout juste dans mon top 20 il y a un an, squatte aujourd’hui mon top 3 de tout les temps, rien que ça. Je vais tenter d’expliquer pourquoi tout en évitant les banalités.
Commençons par le début, Charlot dort dans les bras d’une statue censée représenter la paix et la prospérité de la communauté, malheureusement pour lui c’est le jour de l’inauguration et les braves gens présent pour l’occasion lui « demandent » de partir, déjà c’est très fort. Alors que la statue offrait au sans-abri un lit a haute porté symbolique (c’est comme ci c’était la communauté que lui offrait le gîte), le voilà chassé par les défenseurs de cette même communauté, car Charlot n’est évidemment pas invité à en faire partie, le tout se déroulant dans une suite de gag absolument géniale. En une scène Chaplin montre l’hypocrisie américaine, la statue de la liberté, oui, mais pas pour tout le monde. Toutes les séquences des Lumières de la ville sont construites sur ce schéma, à l’instar des Temps modernes ou Charlot fera dérailler la machine, ici c’est la société qu’il fait dérailler, tout du moins les gens qui la compose. Un riche homme d’affaire en pleine crise de couple n’a plus gout à la vie, au contact de notre bon vieux vagabond il redevient un joyeux fêtard, de son coté une pauvre « fleuriste » aveugle (oui, elle cumule) qui s’accroche à la vie coute que coute se verra offrir une autre vie grâce à Charlot. Quelque part c’est Chaplin qui part en croisade contre le déterminisme, comme le montre cette intéressante dualité riche/pauvre, celui qui à la chance d’être bien né refuse la vie alors que celle qui pourrait être fataliste lutte contre l’adversité, Chaplin complexifie le rapport à la vie, à la chance même. On pourrait quand même se dire qu’il va loin dans le malheur et qu’il tombera à un moment ou à un autre dans le misérabilisme. Et bien non, il l’évite avec une grâce déconcertante, oui la fleuriste est aveugle, oui elle est pauvre, oui elle doit subvenir au besoin de sa mère (ou grand-mère on en sait rien), mais en même temps l’amour lui tombe dessus et par l’amour de n’importe qui celui du vagabond le plus connu et aimé du monde c’est pas mal, en plus la plupart des scènes qui lui sont consacrée ( à la fleuriste hein) sont d’une bonne humeur enthousiasmante. Bon j’aurais encore beaucoup de remarque à faire, sur le combat de boxe, la fin et mille autre chose mais je crois que je retomberais dans les banalités, donc je m’abstiens.
En bref, Les Lumières de la ville sont une folies, la folie d’un génie, un film avec lequel je communique, mais j’ai beaucoup de mal à en parler. Je laisse ça à mes glandes lacrymales qui sont devant City lights bien plus éloquentes que moi, de rire, de joie, de tristesse, elles sont de sorties, pour mon plus grand bonheur.

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le 28 sept. 2013

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Biniou

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