la tragédie, intense, est en approche, et elle ne vous lâchera plus

Le visage de François Mitterrand s’affiche sur l’écran, à la consternation de Jean-Pierre Elkabbach. Tout le monde saute de joie dans le petit bar, sauf celui qui avait voté Giscard, et qui s’apprête à pénétrer dans les Neuf Cercles de l’Enfer, à savoir les Trois Jours, le Styx qui vous envoie faire votre Service National ou vous en dispense.


Quiconque de la génération du Professore ne peut qu’être titillé par ce pitch de départ, qui signe le début des Magnétiques, le premier film de Vincent Maël Cardona.


Petit film plutôt passé inaperçu – mais signalé par le Prince d’Avalon – il nous a fallu courir jusqu’à Saint-Cloud, au-delà de l’Enceinte Philippe Auguste, pour voir le film aux Trois Frérots. Pas grave : la salle était extrêmement confortable, on y retournera.


Quant au film – puisque c’est ce qui vous intéresse – il est magnifique ; c’est tout ce que le cinéma devrait être. Une histoire simple, mais terriblement humaine : un jeune homme aime la femme de son frère, lui-même au bord de l’autodestruction. Histoire éternelle, qui dépend uniquement du talent de conteur. Mais celui-ci, débutant (trois courts-métrages à son actif), a déjà tout compris.


Alors que nous sommes habitués aux rebondissements rapides, aux dénouements obligatoires, aux astuces mélodramatiques toutes faites, Cardona dévide très lentement son cocon. Prenant le temps d’installer son décor (la campagne paumée de l’Orne, le garage du père), son époque (Talbot et cabines téléphoniques), et ses personnages, Vincent Maël Cardona déroule son plan, beau comme une ligne droite. Une bande d’amis qui fait de la radio libre, avec la musique de Joy Division et de Marquis de Sade comme chambre d’écho de ce désespoir rural.


Here are the young men, the weight on their shoulders
Here are the young men, well where have they been?*


Ces émotions ne sont pas artificielles ; elles remontent doucement à la surface, au fil du récit, portés par de jeunes comédiens formidables (Thimotée Robart, Joseph Olivennes, Marie Colomb Antoine Pelletier).


Mais la tragédie, intense, est en approche. Et elle ne vous lâchera plus…


cinefast

ludovico
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le 21 déc. 2021

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