Les magnétiques s'ouvre sur deux frères qui kiffent faire de la radio indé et la victoire de François Mitterand, en 1981. Les magnétiques parle alors mâle déconstruit dans cette France rurale embourbée baignée des espérances de la gauche. Enfin, il se revendique comme un film sur la déconstruction.
Philippe est un jeune homme encore timide et craintif. Ici, le roman initiatique est vu sous le prisme des émotions, la force physique étant vivement critiquée et reléguée à des esbroufes de mâles alphas vraiment ridicules (dires du film). Pour ce faire, le film tisse une romance vraiment vaseuse et profondément niaise. Philippe rencontre sa muse, Marianne, la coiffeuse dont il tombe amoureux. Là, le scénario en a vite fini de la déconstruction. Fidèlement à la tradition, on se tape le nauséeux plan sur la nana à poil. Tandis que le garçon supposément craintif et timide se voit investi d'un courage étonnamment prompt et naturel lorsqu'il s'agit de courtiser la tourterelle.
Une déconstruction à géométrie variable donc, qui se supperpose à une intrigue tout aussi tâtonnante. Le scénario valse d'un sujet à l'autre, sans jamais se poser et aller au bout des choses. Chaque acte est survolé et les personnages ne sont jamais exploités jusqu'au bout. Dans ce tumulte titubant, les effets visuels et certaines scènes finissent de dresser le portrait d'un premier film hésitant pour Vincent Maël Cardona.
Les années 80, si pop, si colorées, si punk... si tout et si mythiques sont passées à la moulinette des effets visuels les plus en vogue. Le film s'enveloppe de la colorimétrie à la mode qui pousse les bleus et les oranges dans ces tons artificiels baveux, jadis témoins d'une utilisation ratée de Photoshop. Elle n'est ni en phase avec l'authenticité et la simplicité dégagées par les personnages, ni avec le pétillement de cette décennie magique. Dans cette ambiance visuelle qui sonne faux, les scènes d'emportement finissent d'enfoncer le clou. Elles semblent sortir de nulle part et suscitent l'incompréhension plus que l'emerveillement.
Les magnétiques tente ainsi de dresser un portrait de cette France tiraillée entre l'espoir et l'inertie. Rien de mieux qu'une bourgade de province pour illustrer ce propos, pour insuffler de l'espoir à cette jeunesse qui étouffe. L'heure est alors à la déconstruction et à l'expression par les ondes. Mais pas trop non plus. Ni vraiment déconstruit, ni vraiment au point sur la radio, le film touche à tout sans creuser suffisamment. Les scènes d'emballement tombent alors comme des cheveux sur la soupe, tandis que la colorimétrie sans personnalité ne sied pas aux années 80.