Sous la forme d'un désastre esthétique, Christophe Honoré, en roue libre totale, s'offre un petit plaisir personnel avec ce film, semblerait-il fait à la va-vite, dans lequel on retrouve tous ses copains ; Alex Beaupain à la musique (qui horripile la plupart du temps, notamment dans une atroce chanson finale), Anaïs Demoustier et Golshifteh Farahani (entre autres) au casting, ...
On sait Honoré doué pour parler aux enfants, notamment par la publication de plus de vingt "livres jeunesse" comme on dit, mais on aurait espéré de lui qu'il parvienne par ce film à parler aussi aux adultes.
C'est raté.
Les Malheurs de Sophie (dont il me semble important de préciser que je ne connaissais rien du roman original de la Comtesse de Ségur) n'est qu'une suite de péripéties sans liens, qu'une accumulation assez intenable de bêtises, de tortures de petits animaux (heureusement - joliment - animés), de mensonges et de fugues, sans histoire ni, à la rigueur, de morale à en tirer (Sophie à la fin du film, nous apprend-on, dans un fondu ridicule et un face caméra risible de Demoustier, est peut-être un peu plus sage qu'auparavant, mais pas trop quand même, autant dire que rien n'a changé, qu'on en est finalement au début).
Ajoutez à cela des gamins insupportables qu'on a souvent envie de claquer (d'autant plus que le cœur du film est leurs bêtises et leur cruauté) et dont on ne comprend pour être honnête qu'une phrase sur deux, une interprétation assez effroyable d'acteurs pourtant confirmés, eux aussi en roue-libre, des chansonnettes, et un rythme complètement déséquilibré (une première partie trop longue) et on ne peut être qu'effaré devant ce spectacle désolant qui nous donne l'impression d'un grand délire collectif sous substances psychotropes ; truculent et probablement très amusant à faire et jouer, mais très gênant à regarder.
On ne retiendra donc de ces Malheurs de Sophie, si ce n'est notre malheur à nous, qu'une scène centrale, nous plongeant d'une manière poétique et impressionniste dans un voyage chaotique vers l'Amérique, qui, pour la seule fois du film, parvient à retranscrire métaphoriquement l'émotion d'une enfant face à la perte de ses parents, pourtant sujet de fond de l'œuvre, qui aurait pu être le lieu d'un beau film.