Grand spécialiste du film de guerre, où il peut injecter son vécu personnel, Sam Fuller réussit ici l'un de ses meilleurs films à travers cet épisode réel de la Seconde guerre mondiale qu'il reconstitue de main de maître, car il a toujours su décrire la guerre sans fard et avec un réalisme cru.
Son propos n'est pas de montrer les offensives militaires de la campagne de Birmanie, même s'il sait le faire, mais de s'attacher essentiellement au comportement d'un groupe humain en guerre, confronté au danger et à la mort. Fuller relate sous une forme quasi-documentaire une avancée éprouvante d'un bataillon américain à travers la jungle birmane, harcelé par l'ennemi japonais et luttant contre l'épuisement et la malaria.
Il y a certes une exhortation de l'héroïsme américain, mais au-dela des combats, ce qui intéresse le réalisateur, ce sont la solidarité et les liens qui se tissent entre GI's dans cette épreuve, traduits par des portraits saisissants, en soulignant les horreurs de la guerre, sa vacuité, et les ordres aberrants des supérieurs qui se soucient peu d'envoyer à l'abattoir ces maraudeurs du général Merrill.
Jeff Chandler y livre son dernier rôle, puisque tombé malade pendant le tournage, il décède peu après ; il est solidement entouré par de bons seconds rôles comme Ty Hardin, Claude Akins et Andrew Duggan.