George Clooney fait partie de ces figures hollywoodiennes "politisées", et cette conscience outrancièrement morale peut agacer (btdubs, le film est produit par Leonardo di Caprio, coincidence, I think not).
Pourtant, quand il filme la politique, on assiste à une formidable passe d'armes verbale entre stratèges chevronnés, en l'occurrence les personnages joués par Philip Seymour Hoffman, Paul Giamatti et Ryan Gosling. Le film se passe pendant la primaire du Parti Démocrate en Ohio, considéré par beaucoup comme le moment-clé de la campagne présidentielle américaine (quiconque emporte l'Ohio emporte les élections). Mike Morris (Clooney) est gouverneur de Pennsylvanie, champion démocrate comme pouvait l'être Obama, perçu comme l'homme providentiel dont le regard politique pourrait changer la face de l'Amérique..
Clooney filme la politique comme une partie d'échecs. Il faut arriver, en peu de temps, à élaborer une stratégie, tout en contrant celle de l'adversaire, mais surtout, il faut être capable d'anticiper les 4 prochains coups, de faire tomber la Reine (ici les directeurs de campagne) et tout ce qui protège le Roi, le tout en gardant son sang-froid. Ca donne un film bavard, pour moi dans le bon sens du terme. Adapté d'une pièce de théâtre, la part du lion est accordée au dialogues et au jeu d'acteurs, ce que la caméra de Clooney ne fait que renforcer, en filmant tout en plans resserrés, au plus près des visages. Il en résulte une impression de confinement et de huis-clos qui transfigure ces stratégies politiques d'arrière-boutique en leur donnant un suspense haletant.
Le titre anglais fait référence aux Ides de Mars, au cours desquelles Jules César est poignardé dans le dos, notamment par son fils adoptif, Brutus. A l'image du film, c'est un rien poseur, franchement pédant, pas forcément très subtil, mais au demeurant très efficace pour ramasser l'enjeu de ce qui est montré.