Lire une interview d'Ana Garcia Blaya, réalisatrice de Les meilleures intentions, permet de voir à quel point ce premier film est important pour elle. Il raconte en effet un moment particulier de sa vie, au début des années 90 à Buenos Aires, alors qu'âgée de 10 ans elle vivait avec son frère et sa sœur plus jeunes, alternativement avec chacun de ses parents divorcés. Le film, qui d'emblée pourrait paraître un peu disparate,se veut fidèle et sincère à ses souvenirs et retrace l'histoire d'une époque difficile, celle de la crise économique en Argentine. Ana Garcia Blaya a écrit son scénario comme une sorte d'hommage à un père bohème et immature qui s'opposait en tout à sa mère,sérieuse et stricte, sur le plan comportemental sans que la cinéaste ne jette la pierre à aucun des deux puisque, malgré leurs lacunes respectives, ils avaient "les meilleures intentions" pour leur progéniture. Alors que les situations sont délicates, voire dramatiques, le film choisit la douceur teintée d'amertume, notamment à l'occasion de son dénouement, très émouvant. Ana Garcia Blaya a imbriqué avec bonheur un grand nombre de vidéos filmées par son père, parfois complétées par des scènes tournées avec le même grain d'image. Le dispositif est fluide et contribue à nous immerger dans l'époque, tout autant que les musiques d'alors, de groupes de rock argentins, qui se mêlent à des compositions du père et à celles, plus récentes, du frère de la cinéaste. La juxtaposition d'éléments intimes de l'enfance et de fiction pure aboutit à un long-métrage, modeste par ses moyens, mais riche en sentiments dont la tonalité nostalgique ne peut manquer de faire résonner chez la plupart des spectateurs comme une petite musique des moments du passé, pas nécessairement heureux mais transfigurés par le travail de la mémoire.