A ceux qui se demanderaient comment être snob aujourd'hui, on conseillera de dire du bien de Miguel Gomes (en ayant vu, ou pas, ses films, peu importe).


Par exemple : "l'élan créatif de Miguel Gomes (pour plus d'effet, prononcer Migouel Gomèche) s'éloigne du naturalisme social bien-pensant pour aboutir à un film-monde d'une infinie poésie" ou "l'hétérogénéité du matériau filmique renforce les correspondances baudelairiennes de l'oeuvre, qui en devient saisissante" ou "c'est par le truchement de ses changements de tonalité que ce film monstre atteint son but : parler de politique poètiquement" ou "le film de Gomèche est à La loi du marché ce que la Divine comédie est au Code de la sécurité sociale".


Au spectateur qui ne connait pas le projet initial de l'auteur (porter à l'écran sous forme d'histoires des faits divers portugais scrutés au jour le jour sur une longue période), l'oeuvre paraîtra bien absconse. On ne comprend en effet pas grand-chose à ce qu'on voit, et si le film peut être ébouriffant par moment, l'assemblage global est un foutu bric à brac, à la fois original et un peu factice.


A l'image un peu sale et documentaire du début succède ainsi l'image hyper-léchée d'un épisode dont je n'ai absolument pas saisi le sens (l'Ile des vierges), puis le burlesque plaisant des "Hommes qui bandent". C'est parfois trop long (le coq), parfois très émouvant (les trois témoignages en plan fixe), parfois totalement insipide (le bain).


On appréciera le film à condition d'aimer un cinéma conceptuel (je veux dire rempli de plans dont on ne comprendra jamais ce qu'ils font là), très peu sensitif, mais stimulant intellectuellement.

Christoblog
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le 24 juin 2015

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